770-25/05/2022 Le Premier ministre Imran Khan a été renversé par une motion de censure du parlement le 10 avril dernier. Réagissant à ce renversement Imran Khan a alimenté un discours visant à accriditer l'idée que cette destitution était le fait d'une puissancé étrangère: les USA.

Pour y voir plus clair, nous avons sollicité nos camarades du Parti Communiste du Pakistan. (PCP) Cet article est basé sur les informations qu'ils nous ont fournies.
Premier Ministre depuis août 2018, Imran Khan devait son investiture à une coalition et au soutien de l’armée : depuis 1958, dans les faits, l’armée fait et défait les gouvernements au Pakistan. On lui a d’ailleurs reproché, durant son mandat de servir les intérêts militaires. Ce soutien il l’a perdu car il y a eu divergence quant à la nomination du Chef de l’ISI - les services secrets de renseignement – du Pakistan qui jouent un rôle important dans la structure politique du pays et cela a entrainé un conflit au sein de l’armée. Il a été renversé par une motion de censure le 10 avril 2022 et malgré plusieurs manœuvres, il n’a pas pu réintègrer ses fonctions.

Pourquoi faire croire qu’il est anti-américain ?
Imran Khan a bâti sa popularité sur sa promesse d’un État providence, mais il a renié ses promesses. De plus la situation socio-économique s’est beaucoup détériorée : le trésor public a été pillé, les emprunts à l’extérieur ont subi une croissance exponentielle, les dépenses non-productives se sont développées, devant la menace de faillite, il a fait appel au FMI. Il a donc perdu sa popularité et il est accusé de corruption, népotisme, racket...On parle de mafia gouvernementale.
Pour palier cette perte de soutien populaire, peu à peu ses discours ont de plus en plus utilisé les différences ethniques et religieuses pour opposer et mieux exploiter les masses. Il a contribué à populariser le djihad: transformant les contenus scolaires en développant les contenus obscurantistes, et en détruisant les ouvrages scientifiques, progressistes et laïques,.

Imran Khan ne s’est pas une seule fois opposé aux intérêts américains
Au contraire, il a été jusqu’à bloquer le projet de construction d’infrastructures du corridor économique Chine/Pakistan (CPEC), selon l’exigence américaine. Lorsque l’on regarde la liste de ses conseillers et soutiens, on peut remarquer que ce sont tous des membres de l’Establisment anglo-saxon ayant double nationalité.

Imran Khan veut reconquérir le pouvoir en s'affublant d'un anti-américanisme de façade
Pour cela il développe une campagne mensongère pour regagner la confiance du peuple. Cette version est populaire auprès du peuple pakistanais qui a des sentiments anti-américains forts. C’est la gauche pakistanaise qui a développé en 72 ans cette idéologie anti-américaine mais aussi anti-impérialiste, alimentée par la guerre afghane et le bain de sang au Moyen-Orient menés par l'Occident et l'Amérique. Imran Khan essaie maintenant de voler la vedette et de capitaliser sur les sentiments anti-américains pour remporter les prochaines élections.
Ainsi, dans la conclusion de sa déclaration Le Parti Communiste du Pakistan (PCP) rappelle que l’anti-américanisme ne suffit pas et qu’il faut construire une ligne autant anti-impérialiste qu’anti-américaine: "Le PCP est d'avis que les discours grandiloquents anti-amérique d'Imran qui sont ornés de dispositifs rhétoriques ne sont qu'une mascarade pour recueillir le soutien du public. Le Parti affirme que les éléments avides de pouvoir et l'establishment pakistanais n'ont rien à offrir aux masses. ...Tous deux sont dans le sale boulot ... de la corruption, du népotisme, du racket et du djihad pour augmenter leurs richesses. C'est en effet un triste commentaire sur la politique de gauche que certains gauchistes populistes ou sociaux-démocrates se laissent toujours enrôler comme leurs sbires par les dirigeants populistes traditionnels comme Imran Khan pour de petits gains et des intérêts acquis. Ils utilisent "la position anti-américaine d'Imran" pour justifier leur soutien envers lui. Cette attitude aura invariablement des effets délétères sur la lutte des classes. Pour contrer cette tendance, il est grand temps de construire un discours anti-impérialiste autant qu'anti américain. Ce récit rejette le FMI et les autres organismes financiers impérialistes qui travaillent au détriment des masses appauvries. Les masses doivent être éduquées pour qu'elles résistent à leurs diktats et se libèrent des griffes des institutions financières impérialistes impitoyables."