702-04/02/2021 Après deux mois de manifestations aux portes de Delhi contre les réformes appelées Farm Bills du secteur agricole, (voir l'article Inde : Levée en masse de la paysannerie)  les paysans ont obtenu son gel,

si la Cour suprême Indienne a mis en pause la réforme, le mouvement, lui, ne connaît pas la trêve. Les fermiers exigent le retrait pur et simple.
Ils sont désormais des centaines de milliers à camper le long des autoroutes qui mènent à la capitale, dont l’accès est bloqué et la décision de la Cour suprême n’a pas calmé l’afflux des manifestants.
C’est à une Zad titanesque que le mouvement ressemble. 86 % des petits paysans vivent et font vivre leurs familles sur des terres d’environ 0,8 hectares, leur survie est menacée par ces réformes à travers les prix minimums d’achat des denrées, notamment le blé et le riz.
Les agriculteurs ont mis en place un véritable siège. En cet hiver, les températures approchent de zéro autour de la capitale. Des dizaines de fermiers sont déjà morts de froid. Dans les États voisins, voilà cinq mois que les manifestations ont commencé, au Pendjab, dans l’Haryana ici la police a fait usage du canon à eau pour repousser des manifestants. Le Rajasthan, l’Uttar Pradesh ou le Maharashtra ont récemment rejoint la lutte. Les participants, toujours plus nombreux, sont résolus à tenir des mois,
La mobilisation ne faiblit pas. Ils ont un large soutien populaire,
Cette reforme autorise entre autres les agriculteurs à vendre leurs produits aux prix de leur choix et non plus à des prix fixes sur les marchés de l’Etat. Cette situation suscite l’inquiétude des petits et moyens agriculteurs qui redoutent une concurrence inéquitable avec les grands exploitants agricoles. De son côté, le gouvernement cherche avec cette réforme à attirer de nouveaux investisseurs sur le secteur. En Inde, l’agriculture constitue 15% du PIB. Cette activité assure la subsistance de près de 70% des 1,3 milliard d’Indiens.
La Cour suprême Indienne a mis en pause la réforme comme tactique pour éviter que le jour de l’anniversaire de la République, le 26 janvier, le pays continue d’être assiégé par des paysans en colère en particulier à New Delhi. Ce que la Cour espérait par cette démarche c’était de rompre le front syndical très solide jusqu’à présent.
Pour le CPI (M) -Parti Communiste Indien (Marxiste) : « La suspension n'est pas liée à une nouvelle audition sur les questions de fond soulevées dans les pétitions ou par les agriculteurs dans la lutte. Il est lié à la mise en place d’un «comité d’experts» qui a été chargé de présenter son rapport dans deux mois. Aucun des pétitionnaires n'avait demandé la création du comité. De plus, lors des négociations, les représentants des agriculteurs avaient déjà rejeté l'offre d'un comité. »
En effet, cette institution intervient en soutien au gouvernement de Narendra Modi. Elle a suspendu les lois en proposant un comité d’experts dont les membres sont évidemment en faveur de cette réforme. Depuis quelques années, la cour suprême s’aligne sur les positions du gouvernement. On l’a vu à plusieurs reprises comme lors de l’aval qu’elle a donné au régime de Narendra Modi pour l’enregistrement de citoyenneté dans l’État d’Assam, une mesure qui visait à repérer les musulmans réfugiés du Bangladesh.
Les autorités indiennes tentent de reprendre le dessus sur les paysans. Le gouvernement a opté pour une ligne dure. La police a fait obstruction en recourant à des charges et des gaz lacrymogènes, provoquant naturellement une réaction de colère, faisant un mort et quatre cents blessés dans la capitale indienne le 26 janvier.
Les discussions avec les syndicats sont rompues.
La répression frappe contre les principaux responsables du mouvement paysan, mais aussi contre des personnalités de l’opposition ou contre des journalistes accusés d’avoir posté sur les réseaux sociaux des messages. Trente-sept dirigeants syndicaux sont visés par ces enquêtes préliminaires mentionnant des accusations de « tentative de meurtre » et « d’émeute et de conspiration criminelle ». Les Comptes tweeters ont été bloqués par l'entreprise américaine Twitter Inc sur ordre de Narendra Modi
Le Bureau politique du CPI (M) salue : « Cette lutte a réitéré avec insistance que ces lois agricoles doivent être abrogées et que le MSP (prix minimum de garantie) doit être légiféré comme le droit légal de tous les agriculteurs du pays.
Le Bureau politique du CPI (M) étend sa pleine solidarité et son soutien à la décision de Samyukta Kisan Morcha de continuer la lutte pacifique jusqu'à ce que ces lois agricoles rétrogrades soient abrogées »…
Il « appelle à nouveau le gouvernement central à annoncer immédiatement l'abrogation de ces lois et à aller dans ce sens lors de la prochaine session budgétaire du Parlement. »
La révolte paysanne qui secoue l’Inde en profondeur et l’historique grève générale de 250 millions de salariés (18,5 % de la population) du 8 décembre, marquent une crise profonde de la société indienne. Le gouvernement Modi s’aligne sur les intérêts du grand capital monopoliste.
Notre parti apporte son soutien internationaliste aux luttes des salariés, chômeurs, jeunes et paysans indiens qui luttent pour leur survie.

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