La situation au Brésil est marquée ces derniers jours par l'incarcération de l’ancien Président Luis Inacio Lula da Silva, dit Lula, candidat à la prochaine élection présidentielle comme représentant du Parti des Travailleurs (PT). Il s'agit là de l'aboutissement d'un long processus qui a amené à l'inculpation et à la condamnation de Lula pour corruption.
Le parti Communiste Brésilien (PCB), qui ne soutient pas la candidature de Lula, condamne: «l’arrestation de l’ancien président Luis Inacio Lula da Silva, prenant en compte que c’est là le résultat d’un processus vicié, marqué par des manipulations et la partialité. Le procès concernant la demande d’Habeas Corpus (de la part de Lula) a été soumis à des pressions écrasantes des médias, en particulier du réseau Globo, du gouvernement fédéral et des militaires, toutes dans le but d’emprisonner Lula et de l’évincer de la campagne électorale.

Le PCB analyse l’emprisonnement de Lula comme un élément de l’offensive réactionnaire de l’impérialisme et de la bourgeoisie, de restrictions des droits politiques et d’atteintes aux libertés démocratiques, en cours dans le pays». C'est ainsi, un pas de plus engagé dans la marche du coup d’état que mène la bourgeoisie liée à l'impérialisme américain pour s'assurer plus fortement du pouvoir et mettre au pas les forces populaires.
Avec le PCB, nous condamnons l'incarcération de Lula, il doit pouvoir se présenter à l'élection présidentielle dans des conditions où il puisse présenter son programme politique. Nous soutenons le PCB et les forces démocratiques qui luttent contre le coup d'état commencé avec la destitution de Dilma Roussef (PT) et son remplacement par Michel Tremer (Parti du Mouvement Démocratique Brésilien, PMDB que l'on peut caractériser comme un parti du grand patronat lié aux multinationales et basé sur une idéologie de type néo-libérale) dont neuf des membres du gouvernement ont été contraint à la démission pour des faits de corruption avérés. Après une longue période de 2003 à 2011 qui a vu la domination de la vie politique par le PT, avec Lula comme Président, lui a succédé Dilma Roussef. Dès le début de son deuxième mandat, elle a été suspendue puis destituée en 2016 par le Sénat.
Sur cette longue période, il convient d'analyser les affrontements des classes sociales pour comprendre ce qui a permis un tel coup «d'état constitutionnel». Tout d'abord, il faut bien mesurer quelle est la nature de classe du PT. Il n'est pas un parti ouvrier, il s'appuie certes sur des couches de salariés et de chômeurs pauvres à qui il a pu procurer par une certaine redistribution, au moment où les exportations brésiliennes le permettaient, un mieux être certain en terme d'alimentation , de logements et de soins, mais plus fondamentalement, le PT est soutenu par une fraction de la bourgeoisie, celle que le sociologue Armando Boito nomme: «bourgeoisie interne» et qui domine dans les secteurs financés par l'état comme les grands travaux publics, l'agro-alimentaire, l'industrie navale...et qui constitue le bloc principal et hégémonique au sein de l'alliance poli-classiste que constitue le PT. Cette bourgeoise a été favorable aux formes de protectionnisme introduites par le pouvoir du PT qui lui ont permis avec les subventions publiques et une certaine élévation du pouvoir d'achat populaire de renforcer ses profits et sa domination.
Il faut bien mesurer que le soutien populaire au PT a été cantonné à un rôle relativement passif et que les mesures d'austérité introduite par Dilma Roussef ont détaché ces couches populaires du pouvoir, le fragilisent et permettant les attaques sur le terrain de la corruption, réelle, mais qui loin de là ne touche pas que le PT. Dans toute cette période, la bourgeoisie liée à l'impérialisme américain (bourgeoisie compradore) du fait de son activité économique et sa base sociale constituée essentiellement des hautes couches moyennes: avocats, militaires et police fédérale, juges...ont renforcé leurs positions en se servant du prétexte de la corruption pour attaquer le gouvernement et faire de la question de l'état non corrompu l'objet principal des attaques politiques.
Ces couches liées à la bourgeoisie compradore, se sont senties lésées par la politique de redistribution du PT. Ce sont ces couches qui ont fait basculer la majorité et permises sur fond de passivité relative des bases populaires du PT le renversement de Dilma Roussef. Aujourd'hui, les forces politiques liées à l'impérialisme américain veulent pousser plus loin leur avantage en neutralisant les aspects sociaux et institutionnels favorables aux travailleurs brésiliens et en donnant un tour nettement pro-américain à la politique extérieure du Brésil qui jusque- là avait tenté des relations de type Sud-Sud avec les autres grands pays d'Amérique Latine et d'Asie. Pour la bourgeoisie, le coup d'état doit continuer jusqu'à son terme celui de son pouvoir absolu. Elle ne reculera devant rien, y compris l'utilisation de la force fasciste.