Le MAS, le Mouvement vers le socialisme et son candidat à la présidentielle, Luis Arce, l’emporte dès le premier tour. Un coup dur pour Donald Trump et Jair Bolsonaro, instigateurs du putsch de l’an passé.

Plus de sept millions de Boliviens étaient appelés aux urnes ce dimanche pour élire le président et le vice-président ainsi que les 130 membres de la Chambre des députés et les 36 membres de la Chambre des sénateurs de la Bolivie.
Le gouvernement et la présidente par intérim, Jeanine Añez, avait reporté à trois reprises les élections. La pression de la population les a contraint à tenir ce scrutin.
Les électeurs ont tranché mais, le climat de tension prévalant dans le pays depuis un an ne devrait pas pour autant disparaitre. A son retour de Washington, Murillo a renchéri : « La police est armée » et « la démocratie sera respectée, quel qu’en soit le prix. » soutenu par l’archevêque de Sucre et président de la Conférence épiscopale bolivienne, Monseigneur Ricardo Centellas qui le 28 septembre, appelait la population « à ne pas disperser son vote » pour assurer « la consolidation de la démocratie ».
Pour mémoire : suite aux élections d’octobre 2019, le président sortant Evo Morales, était réélu. La droite et l’extrême droite l’ont poussé à la démission en raison de soi-disant « fraudes » et lancé une vague de violence destinée à terroriser ses ministres et législateurs, ses proches, ses militants et électeurs…
Débouchant sur une prise de pouvoir, en novembre, de la sénatrice d’opposition Jeanine Añez, dont le parti conservateur Unité démocratique (UD) venait d’obtenir … 4,24 % des voix. Elle devint néanmoins « présidente » grâce à l’appui des Forces armées, de la police, des partis de droite et des factions d’extrême droite, des Eglises catholique et évangéliques. Donald Trump, Jair Bolsonaro, l’Union européenne et Macron ont soutenu ce push et le baptisèrent « gouvernement de transition ». Des experts indépendants étrangers ont établi le caractère fallacieux des conclusions de ce rapport sur la « fraude ». Ils avaient confirmé la victoire d’Evo Moralés.
Ce nouveau scrutin met fin au gouvernement intérimaire de la conservatrice Jeanine Anez. Sa politique a été, pendant plus d’un an, une véritable catastrophe pour le peuple bolivien, installant une situation de grande violence, de répression et de violations des droits humains, emmenait par le Ministre bolivien de l’Intérieur, l’extrémiste Arturo Murillo Prijic. Trente-quatre manifestants tués et 115 blessés, lors des soulèvements du secteur de Senkata (à El Alto, périphérie de La Paz) et de la commune rurale de Sacaba (département de Cochabamba) par exemple. Plusieurs centaines d’autres dirigeants du MAS et d’organisations sociales sont poursuivis par la justice.
Décidé à faire taire les voix indépendantes, l’exécutif a usé de la censure en interrompant la diffusion de 53 radios communautaires une stratégie pour les réduire au silence avec un déchaînement de violence, d’asphyxie financière.
En quelques mois, le gouvernement puchiste va importer pour 5 millions de dollars d’armements. Le ministre de l’Economie et des finances, José Luis Parada, a décrété la libération des exportations de produits agro-industriels, régulées sous Morales pour garantir la souveraineté alimentaire et approvisionner le marché interne à des prix contrôlés.
La crise sanitaire très mal gérée accentue, au fil des mois, le désastre économique et social. Scandales de corruption, achat pour les hôpitaux de respirateurs surtaxés et inutilisables, achat surfacturé des gaz lacrymogènes…
Dans les projets économiques du candidat de droite Luis Fernando Camacho, la privatisation du secteur des hydrocarbures nationalisé par Evo Morales. La Bolivie dispose de réserves conséquentes de gaz, de lithium, de fer et de cuivre qui aiguisent les appétits des multinationales.
Le nouveau Président, Luis Arce, a dirigé la banque centrale bolivienne. Ministre de l’Économie et des finances publiques entre 2006 et 2017, ainsi que brièvement en 2019, cet économiste âgé de 57 ans a multiplié par 4 le PIB du pays, réduit de moitié la pauvreté, fait dégringoler le taux de pauvreté de 60,6 % à 34,6 % et permis l’accès à l’électricité à 92 % de la population.
Le MAS rassemble des forces sociales et associatives, des syndicats et mouvements paysans, des organisations de quartiers, des secteurs de la classe moyenne – un arc-en-ciel de tendances allant de l’indianisme au nationalisme, de la lutte de classe à la social-démocratie.
Cette victoire, résultat d’une mobilisation populaire depuis des semaines dans tout le pays, est une véritable victoire pour le peuple bolivien mais aussi pour tous les peuples opprimés d’Amérique du Sud et le camp des anti-impérialistes.
Au nom de notre Parti, Antonio Sanchez secrétaire National, a déclaré : « Nous saluons cette victoire du peuple bolivarien dont le retentissement va bien au-delà des frontières du pays. Macron, si prompt à réagir aux élections internationales a dû avaler son sifflet, c’est peut-être la raison de son silence, silence observé d’ailleurs par toute la bande des états impérialistes tous rangés derrière le grand "démocrate", Trump, qui après le Venezuela et la Bolivie, se trouve en échec sur ses visées impérialistes.
Les peuples ont cette force, c’est de choisir la voie à prendre à condition de lutter, de s’unir pour construire une perspective politique qui réponde à leurs attentes ».
Le Parti Révolutionnaire Communistes adresse aux travailleurs et aux peuples de ce pays ses félicitations les plus vives, plein d’espoir et d’avancées concrètes pour les travailleurs et le peuple bolivien!

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