Les cinq chefs d’États du G5 Sahel (Mauritanie, Mali, Burkina Faso, Niger, Tchad) ont été convoqués par le président français, à un sommet à Pau le 13 janvier
Le renforcement de l’opération Barkhane avec 220 soldats supplémentaires et un commandement conjoint, sont les principales annonces sortie de ce sommet entre les chefs d’États africains et Emmanuel Macron,
En clair Paris va diriger directement l’action militaire du G5.

Les cinq présidents du G5 Sahel ont, dans une déclaration conjointe, exprimé leur « souhait de la poursuite de l’engagement militaire de la France au Sahel ». Les peuples, eux, vivent cette présence armée de l’ancien colonisateur comme une occupation. Sept ans après le début de l’intervention française au Mali, la situation ne cesse de se dégrader.
Macron méprisant, arrogant intervient comme un monarque à ses vassaux: « Les discours que j’ai pu entendre ces dernières semaines sont indignes …parce qu’ils servent aussi d’autres intérêts, soit (ceux) des groupements terroristes …, soit (ceux) d’autres puissances étrangères qui veulent voir les Européens plus loin, parce qu’elles ont leur propre agenda, un agenda de mercenaires. »
Oui les enjeux économiques et géostratégiques sont clairs :
Toute l’Afrique de l’Ouest se retrouve à l’épicentre d’un nouveau « grand jeu », d’un nouvel affrontement des puissances impérialistes, comme celui en cours depuis 2011 au Moyen-Orient. L’Afrique fait face à une nouvelle ruée des grandes puissances impérialistes qui veulent faire main basse sur ses terres et ses eaux. Cela se traduit par la dépossession de tout un continent de son patrimoine culturel et le pillage de ses richesses, l’exploitation des peuples.
Dix-neuf des 46 pays de l’Afrique subsaharienne possèdent d’importantes réserves d’hydrocarbures, de pétrole, de gaz, de charbon ou de minéraux… et 13 pays explorent actuellement de nouvelles réserves.
Le Pentagone convoite aussi cette région qu’il considère comme stratégique. Les USA se sont positionnés au Niger, avec la construction d’une très grande base de drone à Agadez, sans compter sa force Africom et la présence de la CIA sur tous les territoires.
L’engagement de l’OTAN (dirigé par les USA) dans la Bande sahélo-saharienne est clairement mis en avant ces derniers mois et de façons de plus en plus pressantes.
Le refus français d’engager l’OTAN dans le Sahel se présente donc dans cette stratégie géopolitique. "Chasse gardée" de l’impérialisme français avec le Franc CFA en Afrique occidentale, ces pays sont sous la tutelle financière de son ancien colonisateur, un vivier pour les multinationales de l’hexagone : 50% des francophones vivent en Afrique, ils seront 85% en 2060. Macron est au service des intérêts des multinationales françaises.
Le prétexte de l’intervention des forces armées : les terroristes
Comme au Moyen-Orient les groupes islamistes sont les marionnettes de la lutte que se livrent les puissances impérialistes en Afrique.
Les USA ne sont pas les seuls à jouer un rôle trouble dans la région. L’augmentation de la présence américaine va de pair avec la multiplication de groupes terroristes et milices armées en Afrique On en dénombre aujourd’hui une cinquantaine, contre seulement cinq en 2010.
De son coté, Paris fait la guerre à des groupes wahhabites mais soutient et vend des armes à l’Arabie saoudite (wahhabites ) qui elle même finance et fournie en armes ces mouvements politiques et religieux.
Comme l’a expliqué le ministre nigérien de la Défense, Issoufou Katambé : « Nous savons d’où viennent les financements des groupes terroristes. Il faut que les états qui sont derrières ces financements arrêtent »
Un bilan très lourd à l’actif des impérialistes :
En 2019 : 1.500 civils ont été tués au Mali et au Burkina Faso et plus d’un million de personnes déplacées à l’intérieur des frontières des cinq pays. A ce bilan il convient d’ajouter la double attaque djihadiste de Noel contre le Burkina Faso, trente-cinq civils ( dont 31 femmes) tués et 85 soldats nigériens tués dans la même période.
Le tiers du Burkina Faso est désormais contrôlé par des groupes islamistes. Partis du nord du Mali, en 2013, ( lire article Mali et Libye) les voici aujourd’hui aux portes des pays comme la Guinée, le Bénin , le Togo. Ils s’installent dans les zones désertées par les États, en dépit du renforcement des armées locales et de la présence de 4500 militaires français.
Les luttes sociales et politiques se développent
Au Burkina Faso, la population a organisé un contre-sommet dans la ville de Pô, au sud d’Ouagadougou ce « sommet des peuples » était destiné à rappeler aux chefs d’États africains et à Paris que le temps de la France coloniale sur le continent est révolu.
La lutte des démocrates, des progressistes, des révolutionnaires en Afrique est aussi notre lutte. Elle met en cause l’impérialisme français, elle combat les monopoles capitalistes qui en France exploitent les salariés.
Notre solidarité leur est acquise dans ce combat commun !
La jeunesse africaine en colère a radicalement soif de changement. Elle a besoin de combattre le capitalisme jusqu’à l’abattre et se donner le pouvoir. C’est par la lutte de classe avec tous les travailleurs, contre l’exploitation capitaliste, contre la corruption et l’austérité, qu’elle fera reculer les capitalistes et leur gouvernement, qu’elle imposera des changements. C’est la seule perspective crédible pour elle. Construire cette perspective passe par la construction, le renforcement des partis politiques révolutionnaires dans chaque pays.

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