Le résultat de l’élection présidentielle au Congo Kinshasa, visant à la succession de Joseph kabila vient d’être proclamé par la commission électorale. Le dauphin désigné du Président Joseph Kabila, Ramazani Shadari, a du s'incliner. L'opposant Martin Fayulu dont beaucoup prédisaient l’élection a été devancé par le troisième homme, Felix Tshisekedi, qui a été déclaré vainqueur le jeudi 10 janvier, à la surprise générale. Felix Tshisekedi s’est empressé d’affirmer qu’il travaillerait à une transition pacifique et dans le même temps il a pris en compte le succès aux élections au parlement des forces qui ont soutenu le candidat de J. Kabila, au compte desquelles se trouve le Parti Communiste du Congo.

Dès l’annonce des résultats un concert de protestations a agité les chancelleries occidentales. Le Ministre français des affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, s’est fendu d’une déclaration mettant en doute le résultat, les USA en ont rajouté, tandis que la même musique se faisait entendre du côté de l’Union Européenne. L’église catholique du Congo a protesté de son côté en affirmant que le succès revenait à Martin Fayulu. La Chine et la Russie qui pratiquent une non-ingérence mutuelle de principe dans les affaires intérieures ont enregistré le résultat.
Pourquoi cette situation? Pour la comprendre, il faut rappeler quelques traits de l’histoire du Congo. Cette ancienne colonie belge a accédé à l’indépendance en 1960, sous l’impulsion du premier ministre Patrice Lumunba, un anti colonialiste convaincu, le pays a emprunté une voie indépendante pour son développement. C’était insupportable pour l’impérialisme et avec la complicité des occidentaux, tout particulièrement de la France et de la Belgique, P. Lumumba a été assassiné en 1961, ouvrant la voie à une prise en main des richesses colossales du pays par les compagnies multinationales. Rien n’a été épargné au peuple congolais, chaque impérialisme entretenant ses bandes, a organisé des sécessions au gré des besoins de leurs champions capitalistes. Ils ont pu compter pour cela sur des dictatures sanguinaires. C’est Laurent Désiré Kabila, le père de Joseph Kabila qui a mené la lutte victorieuse en 1997 pour renverser le féroce dictateur Joseph Désiré Mobutu.
La volonté des impérialistes occidentaux à mettre en coupe réglée le Congo tient à la grande richesse de ce pays. C’est un des pays les plus vastes et les plus riches d’Afrique. Ses ressources minières, en particulier en métaux rares, sont considérables, ses ressources naturelles et énergétiques sont considérables. Le pillage néo colonial explique la situation de ce pays, et c’est parce qu’il tente de s’en affranchir que le régime de J. Kabila est mis à l’index. Les occidentaux ne supportent pas que le régime se soit tourné vers le renforcement des liens avec la Russie et la Chine. Le récent voyage de J. Kabila en Chine a encore développé les liens de partenariat entre les deux pays. Ainsi, la France, la Belgique, les USA, l’Union européenne...sont relativement évincés, ils entendent contrer la montée en puissance de la Chine et de la Russie en Afrique, tout particulièrement dans les pays les plus riches offrant, à la fois l’accès à des ressources naturelles comme à de vastes marchés.
Il ne s’agit donc en rien de questions démocratiques, les impérialistes occidentaux s’accommodent de dictatures à condition qu’elles favorisent leurs affaires, mais bien de concurrence entre forces impérialistes pour le repartage des zones d’influence.
Notre solidarité va aux forces démocratiques nationales qui entendent en République Démocratique du Congo agir pour l’indépendance et la souveraineté du pays.