A suivre son congrès qui vient de se tenir on est frappé par le fait qu’à aucun moment, le rapport d’ouverture du secrétaire général L. Berger ni la discussion qui a suivi, n’ont posé la question : dans quel monde vivons-nous et à partir de là quelle positions syndicale devons-nous adopter ?
Rien de surprenant dans ce refus d’analyse de la société. Depuis son origine la CFDT a toujours refusée la réalité de la lutte de classe entre les propriétaires privés des moyens de production et d’échange et les travailleurs qui ne possèdent rien, obligés de vendre leurs forces de travail pour survivre.

Berger condamne une nouvelle fois « le patronat ringard bloqué au XXème siècle trop heureux de rejouer la lutte de classe avec des organisations contestataires » (comprendre la CGT).
C’est bien cette réalité qui le gêne. Celle d’un capitalisme engagé dans la férocité de la concurrence mondialisée et qui, pour augmenter sans cesse ses profits détruit tout ce qui est un frein à cette augmentation : acquis sociaux collectifs, services publics, garantie collective des salaires, droits syndicaux.
En pleine lutte des cheminots, la CFDT a été pratiquement absente des débats1 sur la question des salaires, traitements et pensions, de l’emploi, des conditions de travail. Aborder ces questions aurait amené à se positionner sur l’attaque globale menée par le pouvoir au service du capital, de la nécessaire riposte interprofessionnelle unie, ce que refuse la CFDT et qui conduit à l’affaiblissement de la riposte pour faire reculer les exigences patronales.
La seule « critique » envers Macron et son gouvernement est le refus de celui-ci d’écouter et de mettre en œuvre les propositions de la CFDT de « codécision » qui visent à intégrer encore davantage les salariés à leur propre exploitation. La CFDT vient de réaffirmer quelle a choisi son camp : celui d’accompagner le capitalisme, pas de défendre les travailleurs.
Pendant des années la CFDT annonçait 800.000 adhérents. Loin de la réalité. Au congrès elle en revendique 623.802 de 50 ans de moyenne d’âge. Un mensonge qui n’a pas eut l’honneur des médias capitalistes et gouvernementaux. Il ne faut pas faire de tort aux amis. Une pratique permanente. La secrétaire générale adjointe de la CFDT, Véronique Descacq, à quitter son poste à l’issue du congrès. Elle va rejoindre un poste de direction la Caisse des Dépôts et Consignation. Un service rendu à celle qui a « négociée » les ordonnances travail ? Elle vient après les Chérèque (père et fils) N. Notat qui après avoir quitté leurs responsabilités syndicales se sont retrouvés dans des postes gouvernementaux.

(1) Le congrès terminé Berger a déclaré « souhaiter la fin du conflit pour le 18 juin » (jour du début des épreuves du bac), rejoignant direction, gouvernement et médias aux ordres dans le dénigrement de la lutte pour un service public ferroviaire.