La pandémie de Covid 19 qui affecte pratiquement et à des degrés divers tous les pays de la planète est, nous l’avons écrit, « un révélateur de l’état du monde » (Hebdo N° 656). Aujourd’hui, plus de la moitié de l’humanité subit, depuis plusieurs semaines, un confinement plus ou moins sévère qui a pour conséquence directe une diminution drastique de l’activité économique et des échanges avec pour corollaire une augmentation du chômage de masse masqué ou non par des mesures de chômage partiel, des inégalités et de la pauvreté. Ainsi, des chercheurs du King’s College de Londres estiment-ils que la pandémie va plonger 500 millions d’humains en plus dans la pauvreté.

Tous les États, ou presque, ont adopté des mesures de soutien importantes à leur économie. Tous sont aujourd’hui confrontés à une récession d’une très grande ampleur avec une explosion de leurs dettes, tandis que les marchés et tout particulièrement celui de l’énergie subissent une crise violente due au ralentissement de la demande. Ces réalités, économiques, sociales et politiques, qu’exacerbent la crise sanitaire et les mesures prises pour la juguler ne sont pas arrivées dans un ciel serein de l’économie mondiale, ni dans n’importe quel contexte des relations conflictuelles entre les grandes puissances capitalistes qui constituent aujourd’hui le système impérialiste.
Comme le note la Fédération Syndicale Mondiale (FSM) : « Déjà lors du sommet de Davos, en janvier de cette année, il était clair que le capitalisme allait de nouveau être confronté à une crise brutale ». Au cours des dernières décennies, après que la chute de l’URSS ait laissé un certain répit, les affrontements au sein du système capitaliste mondial, les luttes au sein de l’impérialisme ont redoublé d’intensité pour un repartage du monde, des sources d’énergie, des matières premières industrielles ou agricoles, le contrôle des voies de communications, des terres, des flux financiers et de la force de travail dans un contexte de mondialisation de la production sous le contrôle et au seul profit des grandes firmes transnationales. Ces luttes prennent des formes diverses, allant d’affrontement commerciaux, comme c’est le cas entre les USA et la Chine, et/ou militaires directs ou indirects en Afrique, au Proche- et Moyen-Orient, en Asie et en Amérique Latine… et de tentatives de contrôler, par des coups d’États et des interventions militaires, ceux qui luttent et refusent la loi d’airain de l’impérialisme. On reconnaîtra là l’ingérence de plus en plus forte des USA pour déstabiliser le Venezuela et imposer des blocus entre autres, contre Cuba, le Venezuela, l’Iran et la République Populaire Démocratique de Corée. La France n’est pas absente de ces opérations et tout particulièrement en Afrique où ses troupes assurent la protection des intérêts capitalistes français comme ceux par exemple de Bolloré, d’Areva...

Il est illusoire de penser que le capitalisme va s’ « évaporer » pour laisser la place à un monde harmonieux. Beaucoup, dans les forces sociales, syndicales et politiques, développent un tel discours pour masquer leur volonté de ne pas qualifier la responsabilité du capitalisme. Pour cela, ils s’évertuent à essayer de nous « vendre » un « new deal » écologique et social. Mais les capitalistes et ceux qu’ils ont mis au pouvoir se battent avec acharnement pour défendre leurs intérêts de classe (hebdo N° 660). Il suffit pour s’en convaincre de mesurer la violence avec laquelle les forces du capital, les pays impérialistes affrontent leurs propres salariés, les pays qu’ils dominent et élèvent d’un cran leurs propres affrontements. C’est si vrai que Sylvie Kauffman dans le journal « Le Monde » pose la question ainsi : « Ces trois mois ont infligé de sévères dérèglements à l’ordre mondial. Sans préjuger du résultat final, ajustements ou monde nouveau, un point d’étape est déjà possible. Il révèle une accélération brutale de tendances qui étaient déjà à l’œuvre avant la crise, plutôt que de véritables ruptures ». Or ces tendances sont de plusieurs ordres : La concurrence féroce entre capitalistes, la montée en puissance du capitalisme en Asie et tout particulièrement en Chine mettant les USA en position défensive, la domination de l’Allemagne sur l’Union Européenne, le démantèlement des conquêtes sociales des classes ouvrières de par le monde, le transfert massif de la production manufacturière vers les pays au faible prix de la force de travail et où les salariés ne sont même pas protégés un minimum de la violence patronale...Les stratégies de déconfinement que mettent en œuvre les grandes puissances capitalistes prennent en compte ces éléments et il n’est pas un hasard que la Chine soit l’objet d’une attaque en règle, tout particulièrement des USA et de la France, visant, y compris, à lui faire porter la responsabilité de la pandémie. Cependant, l’intégration de la production arrivée à un haut niveau limite les stratégies nationales : recommencer le premier à produire sera un avantage compétitif certes, mais comment produire si des segments des chaînes mondiales de production sont à l’arrêt ? Ce à quoi on doit donc s’attendre, c’est à une nouvelle étape de recomposition et de concentration du capital portant de manière encore plus intense les concurrences déjà en action au sein du système capitaliste et donc les affrontements. Chaque pays, qui joue un rôle important s’y prépare en appuyant (y compris par des étatisations momentanées) ses entreprises de rang mondial et en s’attaquant aux libertés publiques visant ainsi à juguler les luttes de leurs salariés quand tout indique que le niveau de la lutte des classes va s’élever pour faire face aux nouveaux et importants reculs sociaux qui se préparent.

La pandémie, ne signifie donc ni la fin du capitalisme, ni de l’impérialisme. Elle est un moment fort de l’évolution de l’affrontement capital travail et c’est dans cet affrontement que peut se faire jour plus fortement la nécessité d’un renversement politique, économique et social mettant fin au système d’exploitation de l’Homme par l’Homme . Le mouvement de lutte anticapitaliste, pour le changement de société peut se renforcer. Dans cette lutte, l’existence du parti révolutionnaire d’avant-garde est la condition sans laquelle cela ne pourrait être. Tout le reste n’est que littérature !

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