N° 790 12/10/2022 Le prix Nobel de physique vient d’être attribué à Alain Aspect, ainsi qu’à John F. Clauser et Anton Zeilinger.

Cette prestigieuse récompense vient couronner l’aboutissement d’un travail de recherche qui a pu trancher sur la controverse ayant opposé A. Einstein et N. Bohr sur l’interprétation de la physique quantique et sa nature probabiliste, le premier voyant dans ce caractère probabiliste une incomplétude de la théorie quantique, alors que ce dernier le considérait comme intrinsèque. C’est par un tour de force expérimental, épaulé par les développements d’optique instrumentale, qu’A. Aspect a pu mettre en évidence que l’intrication quantique, c’est à dire la corrélation de 2 photons qui ne peuvent être décrits séparément mais sont dans un état de superposition, ne peut être interprétée en termes de variables cachées dans un passé commun, hypothèse qu’avait d’abord émise A. Einstein. La violation des inégalités de Bell, démontrée expérimentalement et sans ambiguïté par A. Aspect, a invalidé définitivement cette hypothèse. Lors d’une mesure sur l’un des photons, l’état du photon partenaire est modifiée par le phénomène de projection de la mesure. A. Aspect a montré expérimentalement que cet effet est immédiat quelle que soit leur distance mutuelle. Cet effet de propagation à vitesse apparemment infinie laissait profondément insatisfait A. Einstein, même s’il ne viole pas la théorie de la relativité et le principe de causalité. Les expériences d’A. Aspect montrent qu’il est une réalité, que l’on baptise non localité, mais qui reste mystérieuse.

Tout ce travail a été tiré par des motivations fondamentales, la compréhension de la nature de la physique quantique, même si aujourd’hui on en voit des applications en termes de cryptographie inviolable, ou pour les ordinateurs quantiques. Le prix Nobel vient témoigner du haut niveau de la recherche en France sur l’optique quantique, 10 ans après celui qui avait été décerné à Serge Haroche pour ses recherches sur les atomes froids et leur couplage avec les photons.

Il est intéressant de noter que les travaux ainsi récompensés ont été menés avant 2009, date à laquelle le couple Sarkozy/Pécresse, prétextant une soi-disant faiblesse de la recherche française, la transformait de fond en comble pour la diriger vers la compétitivité des entreprises, quitte à sacrifier une grande partie de la recherche fondamentale. Ainsi ont été instaurés le fléchage généralisé, la concurrence entre équipes et individus, alors que ce qui faisait l’atout de la France c’était son système collectif de recherche. Cette politique a été poursuivie sous les quinquennats de Hollande et Macron …elle est toujours en vigueur.

Imprimer cet article