747-15/12/2021 Depuis juin dernier, le Haut Conseil à l’Avenir de l’Assurance Maladie (HCAAM) a travaillé, à la demande du gouvernement, sur plusieurs projets de changement du système de la sécurité sociale.

Des quatre scénarios, celui de la « grande sécu » qui dit-on a les faveurs du gouvernement, ne vise, ni plus ni moins, comme les trois autres d’ailleurs, qu’à liquider un acquis majeur des luttes sociales celui de la Sécurité Sociale issue du rapport de force de la libération et qui a imposé l’idée d’une protection sociale pour chacun suivant ses besoins de la naissance jusqu’à la mort, reposant sur la solidarité. Le financement est assuré par des cotisations sociales, à part égale par les salariés et par les entreprises pris sur la richesse créée par le travail. Cela constitue un salaire socialisé. Le patronat et le pouvoir à son service n’ont jamais accepté cette avancée sociale, ce principe de la sécurité sociale a été l’objet d’une lutte permanente entre le patronat avec le pouvoir dont l’objectif est de remettre en cause cette avancée sociale majeure et les salariés.
Notre sécu est née des ordonnances d’octobre 1945. C’est après la guerre dans un pays ravagé que s’organise cette impressionnante construction qui met enfin à l’abri l’ensemble des salariés. A l’abri de tout ce qui les a hantés depuis toujours : la peur de la maladie, de l’accident, du vieillissement, , bref tout ce qui diminue voire supprime leur seul moyen d’existence le salaire, la part minimale qui leur vient de la vente de leur force de travail. Des luttes avaient déjà permis de gagner l’importante loi sur les accidents de travail et ça et là, selon les branches professionnelles, des embryons d’assurance sociale, des sociétés de secours mutuels qui pouvaient apporter un minimum d’aide.
Ce n’est pas un conte de fée qui a permis d’échapper enfin à l’angoisse du lendemain mais bien la lutte des classes dans un contexte où la classe ouvrière et l’URSS ont joué un rôle majeur dans la résistance à l’occupation nazie et dans sa défaite. Les moyens ne pouvaient provenir que des richesses créées en permanence par le travail des salariés, en dehors de la part affectée au salaire lui-même donc à celle qui constitue une part du profit. C’est à partir de l’analyse marxiste des rapports de production que des communistes, des syndicalistes résistants avec A. Croizat ont mis en œuvre ce qui fut La Sécu. C’est ce qui fondait justement l’édifice que le patronat n’a jamais pu accepter et dès 1960, il s’y attaquait. Ensuite, il n’a jamais cessé de la vider de ses contenus et de tarir ses financements. Ce pompage systématique a été le fait de tous les gouvernements depuis 1945 et Macron est là pour l’achever. Le capital l’exige, il charge Olivier Véran d’en effectuer méthodiquement la déconstruction. Depuis 30 ans, la multiplication des dispositifs d’exonération de cotisations (66 milliards en 2019) pour les patrons assèche les recettes et fait reculer les droits de patients : baisse considérable des prises en charge, des remboursements, recul des droits des patients à des soins de qualité quel que soit son âge. C’est la structure même du financement qui est en cause : d’un financement basé les richesses produites par les salariés on est passé au fil des ans et des réformes anti sociales à un financement par l’impôt et les taxes (la CSG de Rocard en particulier) les travailleurs passant deux fois à la caisse. Les capitalistes n’ont jamais pu accepter que ces sommes qui lui échappaient soient gérées à une époque du moins par les représentants des syndicats de salariés.
L’étatisation déjà avancée par le fait même que le budget de la sécu est voté par le parlement est amplifiée par les objectifs que contiennent les propositions Véran et c’est pour le patronat la meilleure manière de reprendre la main. Leur « grande sécu » n’est en fait que la reprise d’un projet du MEDEF de 2001 qui prônait déjà : « un système de santé...comportant des éléments de concurrence et un panier de soins remboursable à 100 % approuvé par le parlement...les soins qui ne figurent pas dans le panier de soins pourront être couverts par une assurance facultative ».
Ils ont déjà usé sans limite de la politique des objectifs définis, indépassables des soins via les Projets de Loi de Financement de La Sécurité Sociale, aujourd’hui c’est de tout la « manne » de la sécu qu’ils veulent pouvoir disposer à leur guise. Leur « grande sécu » c’est le système du panier de soins, lesquels soins sont remboursés à 100 % certes mais le contenu de ces paniers est fixé par l’état et il est évident que le nombre de soins et leur qualité seront fixés au minimum. C’est exactement ce qui se passe déjà pour les dépenses d’optique, d’audition de produits dentaires dont seuls les modèles de la plus mauvaise qualité sont pris en charge intégralement. Quant à la partie des soins non remboursés, elle reviendra aux assurances privées qui comptent déjà les milliards que cette supposée « grande sécu » leur permettra d’engranger grâce à elle. Les salariés devront payer, s’ils le peuvent, le prix fort pour ces assurances privées qui deviendront indispensables. Ce marché est immense et en volant la sécu au peuple, les multinationales prendront complètement les commandes de la santé.
Comme le disait avec force le rapport au dernier Comité National de notre parti : « la lutte ne peut pas attendre ». En particulier, celle pour une vraie sécurité sociale financée par la richesse produite par le travail et gérée par les travailleurs eux-mêmes et non leur « grande sécu » car sous ce vocable volontairement trompeur, c’est la fin de notre protection sociale qui s’organise au profit unique du grand capital.

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