Combien de millions de salariés vont-ils retourner sur leur lieu de travail à partir du 11 mai ? Dans quelles conditions de sécurité ? Avec quel impact sur la circulation du Covid-19 ? Une population qui va servir d’éprouvette d’essai. Des élèves et des enseignants utilisés comme des cobayes.
Pour le capital et le gouvernement, les motifs « économiques » passent avant les risques sanitaires.

Macron et Philippe assurent que leur plan repose sur les recommandations du Conseil scientifique qu’ils ont nommé au début de la crise. Faux, ce conseil vient justement de préconiser la réouverture des écoles en septembre.
Cette rentrée des classes se fait à marche forcée « Si le gouvernement veut rouvrir les établissements scolaires, ce n’est pas pour que nous puissions apprendre des choses aux élèves. Ne nous leurrons pas dans ses conditions ce sera extrêmement difficile. L’école sous Covid-19 ce ne sera pas vraiment l’école, plutôt une sorte de garderie pour les enfants des travailleurs », dénonce le SNES-FSU.
Des transports à hauts risques
« Imaginer une reprise d’activité étendue, c’est exposer un grand nombre de travailleurs d’abord dans les transports et ensuite dans leur lieu de travail » critique le Syndicat national des professionnels de la santé au travail (SNPST).
La question des trajets domicile-travail n’est pas résolue à Paris comme dans les grandes villes. Une étude montre le rôle du métro dans la propagation de la maladie. « La question des transports partout où il y a des métros est une question qui n’a pas été résolue » prévient le docteur Jean-Michel Sterdyniak.
Une reprise risquée… pour les travailleurs.
Les entreprises tentent de redémarrer leur activité. « Nous savons, par l’intuition ou par l’expérience, qu’un confinement prolongé au-delà du strict nécessaire aurait, pour la Nation, des conséquences gravissimes. Il nous faut donc, progressivement, prudemment, mais aussi résolument, procéder à un déconfinement aussi attendu que risqué et redouté » déclarait Édouard Philippe le 28 avril
Des millions de salariés vont utiliser les transports en commun et les équipements individuels de protection font encore défaut. Ce qui compte vraiment pour le gouvernement c’est d’assurer les profits des multinationales, pas la vie des salariés.
Le gouvernement et le patronat défendent ardemment cette option. « Nous devons retourner au travail », indiquait Bruno Le Maire le 29 avril. « Maintenant, ce qui compte, c’est recréer de la richesse », affirmait le lendemain Geoffroy Roux de Bézieux, président du Medef. Muriel Pénicaud la ministre du Travail n’a pas attendu la perspective d’un déconfinement le 11 mai pour inciter à une reprise de l’activité économique.
Pour ce qui relève des conditions de reprise sur les lieux de travail, le ministère du Travail a édité dimanche 3 mai un "Protocole national de déconfinement". Celui-ci donne un "mode d’emploi" pour organiser son déconfinement, mais ce n’est pas du droit qui s’imposerait. Le rêve du capital se réalise : avoir des normes à la place des réglementations.
Alors, qui pour vérifier ?
« Il n’y aura pas des masques et du savon ou du gel hydroalcoolique partout. La distanciation physique n’est pas toujours possible », s’alarmait le Syndicat national des professionnels de la santé au travail le 30 avril.
Le journal financier « Les échos » écrit : « l’attitude des syndicats qui font pression pour imposer une sécurité absolue est irresponsable. Il faut faire au mieux, cela s’appelle un compromis entre la santé et l’économie » !
Les consignes données à l’inspection du travail sont « de ne pas trop aller chercher la petite bête auprès des employeurs pour ne pas freiner la relance de l’activité » et le gouvernement examine la demande du patronat pour le dispenser de sa responsabilité pénale sur le sujet.
Des syndicats, la CFDT, la CFTC et le MEDEF ont signé une déclaration commune pour la reprise des activités économiques on peut lire au chapitre concernant l’organisation du travail : "En concertation avec les salariés et leurs représentants, la direction de l’entreprise a la responsabilité de la mise en œuvre d’une organisation du travail adaptée aux objectifs économiques poursuivis" ….
L’État tente de redémarrer au plus vite pour que le capitalisme français ne se laisse pas distancer. Le ministre de l’économie M. Le Maire a exhorté le 29 avril « au retour à l’activité des Français», brandissant notamment la menace d’un « déclassement européen face à la Chine et aux États-Unis si nous ne redémarrons pas vite».
Des aides colossales de l’État vont aux capitalistes.
* chômage partiel est pris en charge totalement par l’État.
* ajoutons toutes sortes d’aides indirectes (trésorerie et fonds de garantie) données aux entreprises (300 milliards).
* l’Union européenne donnent aux banques des milliers de milliards d’euros, alors que des centaines de milliers de travailleurs sont licenciés et des dizaines de millions au chômage technique.
* ajoutons des aides directes : comme chez Renault, Airbus…ou Air France-KLM qui va recevoir l’aide des États français et néerlandais au moins 9 milliards d’euros, pas pour sauver l’emploi mais pour devenir plus rentable. Bruno Le Maire, 24 avril déclarait: « Nous avons fixé des conditions à Air France. Des conditions de rentabilité, il faut qu’Air France fasse un effort pour être plus rentable, et des conditions écologiques».
La pandémie a précipité et aggravé la crise économique capitaliste mondiale qui s’annonçait (lire l’article: Le jour d’après c’est maintenant).

Ils veulent aller vite et loin, pousser de plus loin l’exploitation du monde du travail.

Les propos d’Édouard Philippe, en disait long au début de sa conférence de presse parlant de prendre des ordonnances pour un « effort long ».
Ces nouvelles ordonnances prises par le gouvernement dérogent à la règle fixant à 48 heures maximum la durée hebdomadaire de travail. Les salariés pourront effectuer jusqu’à 60 heures dans une même semaine. La durée hebdomadaire de travail pourra passer à 46 heures pendant une période de douze semaines consécutives. Le travail du samedi et du dimanche sera rendu possible dans des secteurs où il ne l’était pas auparavant.
Muriel Pénicaud a indiqué que les employeurs pourront fixer unilatéralement « une semaine de congés pour tout le monde au même moment ». Ils pourront aussi décider du moment où seront décomptés jusqu’à 10 jours de RTT ou de compte épargne temps. Avec cette mesure, le gouvernement limite de fait le nombre de congés que les salariés pourront prendre à l’issue du confinement. Il anticipe et on entend la petite musique sur les congés et la possibilité que tout le monde soit au boulot cet été.
Le journal le Monde révèle que le gouvernement menace les travailleurs de la fonction publique: « Tout agent public qui refuserait d’aller au travail ou qui abuserait du droit de retrait s’exposerait à des sanctions pouvant aller jusqu’à la révocation. La direction générale de l’administration et de la fonction publique a diffusé une note de service, le 31 mars, pour rappeler aux agents publics qu’ils ne peuvent abandonner leur poste sans s’exposer à des ennuis ».
La prolongation de l’état d’urgence sera voté au Parlement. Le gouvernement s’arroge le droit de gouverner par décret, de limiter les libertés individuelles, d’interdire les rassemblements. Derrière l’objectif affirmé de protéger la santé de la population le gouvernement se donne les pleins pouvoirs et de mettre en place une répression et une surveillance accrue.
Les confédérations syndicales ont répondu favorablement à l’invitation du premier ministre du 28 avril « La France est face à un de ces moments où ceux qui l’aiment et la servent doivent être à la hauteur… Nous devons protéger les Français sans immobiliser la France au point qu’elle s’effondrerait… Je rencontrerai jeudi les partenaires sociaux, pour engager ce travail de concertation et d’adaptation du plan aux réalités de terrain ».
Il va être servi par le terrain où les conflits se multiplient.
Les travailleurs réagissent aux mesures imposées par le patronat et son gouvernement, (voir la carte des conflits) La lutte est plus que jamais d’actualité
Le jour d’après a déjà commencé. Les travailleurs, la jeunesse, le peuple, devront continuer à lutter de plus en plus fort, tous ensemble, contre l’exploitation capitaliste, pour stopper la politique de régression sociale du pouvoir.
Il faut développer partout le débat sur cette société dominée par les multinationales capitalistes et le pouvoir qu’elles mettent en place. Combattre le capitalisme est indispensable, le combattre jusqu’à l’abattre pour changer radicalement de société pour que le peuple maîtrise l’ensemble de la société.
Discutons-en ensemble.

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