705-23/02/2021 La Ministre de l’enseignement supérieur, de la recherche et de l’Innovation (ESRI), Frédérique Vidal a demandé au Président directeur général du CNRS que son établissement fasse une enquête

sur les travaux des chercheurs des universités suspectés de dérives « d’islamo-gauchistes ». L’enquête viserait à distinguer « ce qui relève de la recherche académique et ce qui relève du militantisme et de l’opinion » ? Son initiative a été très mal reçue par les enseignants chercheurs et chercheurs une pétition demandant sa démission rencontre un très large succès avec à ce jour plus de 16 000 signatures. Ce qui exprime au delà de la personne de la Ministre, le rejet de la politique du gouvernement ! La Direction du CNRS a rappelé que le terme d’« islamo-gauchisme » « ne correspond à aucune réalité scientifique » et a condamné « les tentatives de délégitimation de différents champs de la recherche ». Quant aux présidents d’université, ils ont exprimé leur « stupeur ».
Le CNRS ne peut être érigé en censeur de la Recherche. La démarche de la ministre est inacceptable, elle dénie aux chercheurs et enseignants chercheurs la liberté académique, acquis démocratique et scientifique dont elle devrait être la protectrice. Si l’éthique et la déontologie de recherches sont bafouées, ce sont aux instances scientifiques des établissements de les dénoncer, cela fait partie de leurs missions. Mais il n’appartient pas à l’État de réglementer les débats de sciences quelles qu’elles soient.
Pour définir un concept aussi hasardeux que l’« islamo-gauchisme », Mme Vidal invoque le « postcolonialisme » ou encore le « drapeau confédéré sur le Capitole ». Comment ne pas y voir une instrumentalisation de la polémique qu’elle a lancée? La ministre voudrait-elle faire oublier ses silences sur la terrible crise sanitaire qui ébranle les universités, les laboratoires de recherche et contraint des étudiants à s’alimenter auprès d’associations humanitaires? Voudrait-elle fuir ses responsabilités face aux conséquences de l’épidémie et de la politique du gouvernement dont elle fait partie?
Nous, nous n’oublions pas le mouvement de large contestation qui s’est élevé contre la Loi pour la recherche (LPR) avant que l’épidémie ne s’abatte sur le pays il y a un an. Cette loi met la recherche publique en sous-traitance, elle enchaîne les travaux des chercheurs à la rentabilité et la compétitivité des grands groupes industriels. Nous n’oublions pas l’amendement de la loi qui a étendu le délit d’entrave aux campus universitaires. Avec la LPR et la loi dite de « sécurité globale », le pouvoir politique prend les dispositions pour se protéger en criminalisant l’expression du mécontentement qui jour après jour se manifeste dans tout le pays. Le pouvoir veut voir le peuple soumis.
Nous n’oublions pas les attaques contre les services publics, les situations de vie et de travail plus en plus précaires d’une grande partie de la jeunesse.
L’« affaire Vidal » dépasse le scandale d’ingérence dans l’évaluation scientifique des travaux de recherche académique. A l’approche de la campagne présidentielle, les partis politiques se positionnent vis-à-vis d’électeurs en mal de perspectives politiques qui puissent surmonter la crise non seulement sanitaire mais aussi sociale et économique. L’exigence est d’autant plus forte que le capitalisme loin de s’affaiblir, se nourrit de la crise. Avec un pouvoir politique tout dévoué, il est déjà prêt à exploiter de plus belle, salariés et ressources de la planète. Le défi est donc de surmonter la crise non pas dans l’intérêt de quelques profiteurs mais de l’ensemble de la population, des salariés et de leurs familles.
La campagne des élections présidentielles est donc bien lancée.
Le ministre de l’intérieur accuse la chef de l’extrême droite de « mollesse » et la ministre de l’ESRI brosse dans le sens du poil sur CNews l’électorat de Marine Le Pen. Emmanuel Macron, par ministres interposés, banalise l’idéologie de l’extrême droite. La France a besoin de débats clairs sur les enjeux de santé, éducation, économie, déterminants pour son avenir, pas de manœuvres électoralistes menées par des politiques démagogues.dont le seul objectif est d'organiser de nouveaux reculs sociaux exigés par le patronat.

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