Le coup d’envoi de la fumeuse campagne d’appel à pétitionner pour un RIP (Referendum d’initiative partagée) à propos de la privatisation des Aéroports de Paris (ADP) est donné. Lancé à l’Assemblée Nationale, par 215 députés et sénateurs socialistes, Républicains, centristes, de la France Insoumise, du PCF, des radicaux… M. Le Pen du RN soutenant la démarche, consacre ainsi une union gauche-droite-extrême droite. « Tout le monde il est beau, tout le monde il est gentil ».

     Cette initiative cache en réalité une vaste manœuvre politique. Il n’y aurait plus de lutte de classe, entre ceux qui possèdent le pouvoir : le capital et ceux qui subissent : les salariés. Tout comme l’objectif de Macron et du MEDEF est d’associer le capital et le travail.
Le referendum d’initiative partagée (RIP) existe dans les textes depuis 2013, c’est une manœuvre pour faire croire à la démocratie de la société capitaliste.
Cette proposition est aussi utilisée pour canaliser la colère des salariés en la menant vers des impasses, afin de protéger le pouvoir à l’offensive avec un agenda de transformations voulues par les multinationales capitalistes pour soumettre toute la société française à leurs objectifs.
     Les protagonistes de cette initiative ont privatisé à tour de bras quand ils étaient au pouvoir- la gauche unie avec Mitterand - les Républicains avec Chirac, Sarkozy - les socialistes avec Hollande, tous ceux qui aujourd’hui approuvent l’ouverture à la concurrence capitaliste vers la privatisation de la SNCF, l’ouverture à la concurrence d’EDF ; ils tentent de se refaire une virginité politique en récupérant le fameux RIC, une revendication portée par les gilets jaunes et ainsi mettre le voile sur la lutte des classes et enterrer ce qui est déterminant: la lutte des travailleurs, la grève, la convergence nécessaire des luttes.
     Les mêmes ont perpétré dans des gouvernements successifs, les attaques contre les travailleurs, la jeunesse, le peuple, s’accélèrent aujourd’hui sous le quinquennat Macron.
La logique du RIP donne l’illusion que le cadre institutionnel suffit pour stopper une privatisation ou un autre dossier et détourne les travailleurs de la lutte pour les diriger sur un terrain réglé par la loi ou seul ceux qui ont les clés du pouvoir décident réellement (voir article hebdo 607). En 2005, lors du référendum sur la Constitution européenne, la majorité des électeurs, 16 millions s’étaient prononcés contre. Le gouvernement Chirac n’en a tenu aucun compte, il a approuvé la constitution européenne.
La privatisation des Aéroports de Paris (ADP) est à rejeter en bloc, elle est dans la logique du capital et de son homme de main: Macron, qui massacre tout ce qui reste de service public, casse le ferroviaire, la santé, la sécu, la retraite, l’enseignement… Un RIP pour la SNCF ! un pour EDF ! un pour la Française des jeux ! Pourquoi ne pas l’étendre à la réforme des retraites, de la santé, de l’assurance chômage, du code du travail, etc. ? Le processus serait interminable. On se moque du peuple !
Ajoutons, que pour que le référendum ait lieu, il faudra aux députés, 4,7 millions de signatures en 9 mois, seules les personnes présentes sur les listes électorales peuvent participer, il faut avoir internet, sa carte d’identité et son numéro d’électeur. Une fois franchi ce parcours d’obstacles il faudra la majorité à l’Assemblée et au Sénat pour décider de le mettre en place et même si LREM et la droite sont favorables ! C’est Emmanuel Macron qui décidera ou non de le mettre en place! La deuxième grande étape serait le referendum lui-même, pas avant 2021… Si d’aventure le nombre de signataires n’est pas atteint, cela servira au gouvernement pour justifier sa politique.
On voit bien que cela n’a pas de sens, sinon à occuper le terrain politique et à ne pas prendre le seul chemin qui les fera reculer : la lutte déterminée.
Certaines confédérations syndicales ont repris à leur compte ce RIP, elles ne se posent à aucun moment la question centrale pour faire reculer Macron et son gouvernement: la lutte convergente, la grève, tous ensemble alors que :
* les plans de fermetures et de licenciements se succèdent Whirlpool, Ascoval, General Electric, Ford Blanquefort, les papeteries, Carrefour, Auchan… ils vont rejoindre les 6,5 millions de chômeurs, les 9 millions de personnes qui vivent sous le seuil de pauvreté.
* Edouard Philippe a été clair :la casse du système de santé public, un recul drastique des droits des chômeurs dans la réforme de l’assurance chômage, le recul de l’âge de départ à la retraite et la suppression du régime par répartition…
* les travailleurs concernés par les privatisations vont-ils attendre l’arme aux pieds le déroulement de ce long processus institutionnel et laisser leur sort entre les mains du pouvoir ?
* doit-on regarder la colère des 240 services hospitaliers , leur lutte déterminée, les luttes dans de multiples entreprises dans tout le pays et attendre ?
     Non il est temps de frapper fort maintenant c’est la seule arme qui peut faire reculer Macron et son gouvernement.
Les confédérations syndicales doivent créer les conditions nécessaires à la convergence des luttes des travailleurs, de tous ceux, jeunes étudiants et lycéens, sans emploi, retraités qui subissent cette politique de régression sociale.
L’urgence aujourd’hui, n’est pas un referendum qui sert d’écran de fumée aux combinaisons politiciennes et de recomposition politique. La voie de ce RIP est un leurre. La véritable démocratie ne peut exister tant que les grands groupes capitalistes dominent, dirigent notre pays comme le monde.
     Il n’y a que la lutte unie sur les revendications de salaire, de protection sociale, d’emploi de conditions de travail, la lutte contre la liquidation des conquêtes sociales qui peut faire reculer le pouvoir et cela nécessite de le faire tous ensemble car l’attaque est globale.
Pour stopper la politique de Macron et du capital, il faut aussi répondre par l’engagement, le renforcement, la lutte politique. Cette lutte est celle de notre parti.
Notre parti appelle à ce « tous ensemble » pour mener la lutte politique et mettre un coup de balai à ce système capitaliste, condition nécessaire au changement de société.