N° 811 08/03/2023 Avec près de 3,5 millions de manifestants la mobilisation de mardi 7 mars est historique : 320 points de rassemblements dans toute la France, un record. 20% de manifestants de plus que le 31 janvier, c’était déjà 2,5 millions de personnes.

Ce mardi on dénombrait une mobilisation historique à Paris avec 700 000 manifestants (+200 000 sur le 31 janvier). 120 000 personnes à Toulouse (+40 000 sur le 31 janvier), A Lyon 52 000 manifestants. A Nantes, c’est 75 000 personnes, à Bordeaux, les organisateurs annoncent 100 000 personnes en manifestation, Montpellier 42 000, 40 000 manifestants à Limoges et à Caen…. la bataille des retraites confirme son ancrage sur l’ensemble du territoire, dans les villes moyennes et petites. A Saint-Nazaire, manifestation de près de 20 000, 12 000 personnes à Annonay, 30 000 à Brest, à Nice, 50 000 à Clermont-Ferrand, 53 000 à Grenoble, 45 000 au Havre, 25 000 à Toulon…
Manifestations, piquets de grève, lycéens et étudiants, partout en France, ont bloqué leurs établissements. La FIDL annonce 400 établissements mobilisés, dont 250 bloqués. Dans plusieurs universités, les étudiants ont voté en AG pour la reconduite des occupations. C’est déjà le cas à Grenoble, Nanterre, Strasbourg, Besançon ou encore Sciences-Po Bordeaux... Les organisations de jeunesse appellent à manifester jeudi 9 mars. Du côté de l’aérien, 20 à 30% de vols annulés dans les aéroports. Les avitailleurs très mobilisés près 50% de gréviste à l’aéroport Charles De Gaulle, à Marseille (100%), Strasbourg (100%), Brest (75%), ou encore Tarbes (100%). A l’aéroport de Roissy, près d'un millier de manifestants dans l'aéroport contre la reforme des retraites !
A la SNCF les taux de grévistes étaient de 39%, chez les conducteurs (76 %) et les contrôleurs (55 %), la grève sera encore très suivie mercredi 8 mars. Seul 1 train sur 3 (TGV et TER) sera en circulation, en moyenne. Au niveau des Intercités, 1 train sur 5, aucune circulation dans la nuit de mercredi à jeudi. La grève a été reconduite massivement dans les Assemblées générales. 75 % de grévistes à la RATP dans la partie métro. 55 % pour les RER et 30 % pour les bus. Le réseau francilien RATP était quasiment à l’arrêt, comme à Lille ou à Marseille, beaucoup de bus ne circulaient pas. La grève est reconductible à la RATP dès le 7 mars 2023.
Grève toujours très forte chez EDF, la direction annonce 41,5% de grévistes à la mi-journée. Le secteur des terminaux méthaniers est également à l’arrêt, 80% de grévistes en moyenne.
Le gouvernement chiffre à 24,4 % des 2,5 millions d’agents de la fonction publique d’État en grève, On comptait également 11 % de grévistes parmi les 2 millions d’agents territoriaux. Dans le secteur hospitalier, 9,4 % des agents étaient en grève, selon le ministère.
Éboueurs, plus de 500 tonnes de déchets sont restées sur les trottoirs parisiens. A Montpellier la filière du traitement des déchets est totalement bloquée. 100 % de grévistes. Au Siaap, qui traite les eaux usées de 9 millions de franciliens, la grève est également massive plusieurs installations sont à l’arrêt. 60 % de grévistes dans l’Éducation nationale. Comme dans les écoles, la grève a bien été suivie dans les collèges et lycées.
Les expéditions de carburants sont bloquées dans l’ensemble des raffineries. Le mouvement touche les raffineries Total, ExxonMobil et Petroineos. Grève reconductible dans les ports dès le 7 mars 2023. Les routiers sont également entrés dans la danse, un peu partout sur le territoire, avec des barrages filtrants et mise à l’arrêt de sites industriels. Dans la métallurgie, l’appel a été largement entendu, des grèves et blocages, des barrages ont été érigés dans plusieurs zones industrielles et portuaires. Des barrages filtrants sur le périphérique de Caen, les 2 ronds-points de l’A9 à Perpignan, les routes de Montauban, Montmélian (73), Nîmes, Miramas (Bouches-du-Rhône), Poitiers (Vienne) ou La Rochelle (Charente-Maritime)… Muret (31), Lorient, Rennes, Amiens ou encore Abbeville (60) sont occupées par les grévistes. Difficile de recenser tous ces types de blocage mais l’action est massive et se poursuit. Du côté du privé, l’entrée en grève et en reconductible de plusieurs secteurs mobilisés sur les salaires sont dans le mouvement contre la réforme des retraites…
Depuis le début, Macron a un seul objectif : trouver de l’argent dans la poche des travailleurs pour continuer d’arroser le capital.
Après avoir rogné sur les APL et les droits au chômage(1) et mis à la diète la santé publique, l’éducation et les transports… il restait à prendre sur les retraites. L’État donne 160 milliards par an d’exonérations aux entreprises. Cette année, il a même ajouté 50 milliards d’aides au titre de la relance économique. Pour augmenter le budget militaire, il a prévu d’en dépenser 413 milliards … Les profits ne manquent pas pour les multinationales, en 2022, Total a gagné près de 20 milliards, Stellantis près de 17 milliards et CMA-CGM 23 milliards, etc. Les dividendes versés l’an dernier par les sociétés financières et non financières: on atteint pratiquement 270 milliards d’euros. Un record historique : jamais les entreprises françaises n’ont versé autant de dividendes à leurs actionnaires depuis 1949 !
La contestation ne va pas se restreindre à cette seule journée du 7 mars.
La grève était reconduite ce mercredi 8 mars, qui est également une journée internationale de lutte pour les droits des femmes avec des manifestations appelées dans toute la France.
Après un 7 mars historique, il est plus que nécessaire de donner un prolongement à « l’arrêt de la France » par la grève reconductible et par l’élargissement des revendications à la question des salaires.
Le journal Le Monde évoque un sondage : 59% se disent tout à fait ou plutôt favorables à la reconduction.
L’intersyndicale doit appeler à la grève reconductible !
La facture d’une grève est économiquement salée, un économiste affirmait qu’une journée de grève coûtait entre 1,5 et 2 milliards d’euros ! Il faut les toucher la ou ça fait mal : les profits.
Le gouvernement craint le durcissement. Ministres et sénateurs LR montent au créneau pour dénoncer des blocages qui pénalisent "ceux qui triment", pour reprendre la formulation du porte-parole du gouvernement Gabriel Attal. Le sénateur de droite Bruneau Retailleau a aussi dénoncé ceux qui veulent "mettre la France à genoux », mais se sont eux qui veulent mettre les français à genoux !
En sortie de conseil des ministres, Olivier Véran a commenté l'importante journée de mobilisation qui a eu lieu hier. "C'est dans le dialogue que nous continuerons à faire évoluer notre projet", a assuré le porte-parole, citant notamment l'amendement concernant les retraites des femmes qui cumulent une carrière avec la maternité. Pendant des semaines, le gouvernement a trompé l’opinion en disant qu’il assurerait un minimum retraite à 1200 euros. Dussopt, le ministre du Travail, avoue que ce dispositif concernerait seulement 10 000 personnes ! Mardi, le bureau du groupe Renaissance a acté que tout député qui voterait contre ou s’abstiendrait de voter la réforme des retraites serait exclu du groupe et perdrait sa place en commission, a révélé BFMTV. Une majorité qui veut faire taire toute contestation en son sein et qui veut donner des leçons !
"Le blocage, c'est l'inverse du dialogue", a dit Olivier Véran assurant entendre "le message des manifestants", il n'a pas donné de date de rencontre des syndicats à l'Élysée: c’est mépris et dédain vis-à-vis du peuple. Le niveau de l'affrontement de classe s'aiguise sur la question essentielle des salaires et du temps de travail, Macron et le patronat ne reculeront que par un mouvement d'ampleur de grève et de la rue. Les travailleurs et le peuple sont le nombre, ensemble ils représentent une force à laquelle rien ne peut s’opposer.
Les syndicats ont annoncé la tenue de nouvelles journées de mobilisations : les 11 et 15 mars.
La volonté de passer à l’action et de radicaliser le mouvement se fait sentir, de nombreux piquets et blocages routiers étaient organisés dans la matinée de mercredi partout en France, des événements qui illustrent les tendances au durcissement de la mobilisation. 9 organisations de retraités, dont la CGT, la FSU, la CFTC, la CFE-CGC… appellent à manifester dans toute la France les 7, 8 et 9 mars. Les organisations de jeunesse appellent à manifester jeudi 9 mars.
Les journées de grèves et de manifestations montrent que le mécontentent et la volonté d’action grandit et pas seulement sur la réforme des retraites, c’est de plus en plus largement la politique mise en œuvre par Macron qui est rejetée.
La France comme le monde est dominée par le capitalisme qui applique partout la même politique pour accroître ses profits. Son seul et unique but est d’exploiter le travail et de s’accaparer des richesses par n’importe quel moyen pour son profit. Les luttes sont le seul moyen pour le faire reculer. C’est uniquement par la lutte que chaque avantage obtenu lui est imposé et il en sera ainsi tant que ce régime durera. Il faut le supprimer et construire une nouvelle société, le socialisme. Pour cela l’existence d’un parti révolutionnaire est une nécessité absolue.

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(1) l’Unedic a attribué 33,4 milliards d’aides aux chômeurs l’an dernier, les réformes Macron de l’assurance chômage vont retirer 6,7 milliards d’aide aux sans emploi.