714-27/04/2021 La Fédération Nationale Mines Énergie-CGT a accepté de rencontrer Bruno Le Maire mardi 20 avril et Jean-Bernard Lévy vendredi 23 avril pour

: « réaffirmer les exigences portées depuis deux ans par le personnel et les Organisations Syndicales : le retrait du projet Hercule et le bilan de la déréglementation du marché de l’électricité. Ces rencontres nous confirment leur volonté de passer ce projet « coûte que coûte ». Hercule ne fait que s’affiner au cours des longues discussions entre l’État et la Commission européenne... ».
La transformation d’EDF - projet jusqu’ici dénommé « Hercule » - est l’objet d’un débat public intense sur le devenir d’un des plus grands électriciens mondiaux. Le gouvernement français a décidé de réorganiser le groupe EDF en trois blocs : le premier - la maison mère – dont le capital serait détenu par l’État regrouperait la production nucléaire, une première filiale sous la forme d’une société d’économie mixte pour les activités hydrauliques et une seconde filiale porterait à la fois le réseau de distribution (ENEDIS), les énergies renouvelables intermittentes (éolien et solaire) et les activités commerciales (Direction commerciale d’EDF aujourd’hui). Le capital de cette dernière filiale, « EDF verte » dans le projet, serait ouvert au capital privé à hauteur de 25%.
La responsabilité du gouvernement français dans ce projet soumis à l’aval de la Commission européenne est totale. C’est son projet au service des entreprises capitalistes du secteur énergétique et des fonds d’investissement. En effet, et même si elle y participe, ce projet n’est pas un projet de l’entreprise : la Direction d’EDF se serait bien contentée d’une révision de la loi NOME, qui l’oblige à fournir 100 milliards de kWh/an aux concurrents d’EDF à prix fixe (le même depuis 2012) à leur demande. Ce projet n’est pas non plus un projet européen : la Commission européenne a certes demandé et validé le processus de la loi NOME mais n’a, à aucun moment, demandé la réorganisation du groupe EDF.
Ce projet est donc bien un projet du gouvernement français et de lui seul. Son idée est d’une simplicité biblique : le nucléaire n’est pas un secteur rentable à court et moyen terme, en revanche, les éoliennes et panneaux solaires se vendent très bien et rapportent gros (ces installations sont subventionnées partout sur la planète), le réseau de distribution est certes sous contrôle de la Commission de régulation de l’énergie mais rapporte un revenu prévisible et sans risque. Et donc, clairement, l’éolien est un bien meilleur vecteur d’accumulation de capital. Par ailleurs, l’électricité nucléaire d’EDF serait vendue à prix administrés à tous les fournisseurs (y compris à sa filiale « verte »), à TOTAL et consorts d’en tirer une marge commerciale.
Malgré la totale opacité des négociations entre le gouvernement français et la Commission européenne, il apparaît des désaccords entre les deux larrons. Manifestement, à entendre les propos du ministre Le Maire, la Commission exigerait au nom des règles de la concurrence une stricte séparation entre EDF producteur nucléaire et EDF fournisseur, c’est-à-dire aucun flux financier entre les différentes entités issues d’EDF qui seraient bien des entreprises distinctes (éventuellement chapeautées par une holding). Par ailleurs, la Commission européenne tiquerait aussi au sujet de la restriction à l’accès du nucléaire d’EDF aux seuls fournisseurs résidents (qui fournissent donc des consommateurs sur le territoire français).
Le Ministre Le Maire proclame sa volonté de construire un grand service public intégré, ce qui est au mieux une galéjade. La libéralisation menée tambour battant par les gouvernements français successifs de droite et de gauche sous la bannière de la Commission européenne mène précisément à la fin du service public et à la désintégration des entreprises (séparation des réseaux pour commencer) pour laisser de l’espace aux marchés et autres investisseurs privés. Quant aux développements des énergies renouvelables intermittentes, dont l’intérêt en France reste à démontrer, elles sont coûteuses pour la collectivité qui en termes de service public n’en tire rien. En tout cas, la multiplication des recours des communes contre l’installation des éoliennes voire des centrales solaires (voir l’affaire de la méga centrale solaire en Gironde qui nécessite… la destruction d’une superficie boisée), montre que le service public ne passe précisément pas par les éoliennes.
Dans toute cette affaire du démantèlement de la privatisation d’EDF, il est clair que les gouvernements du capital en France et en Europe, comme l’Union Européenne qu’ils construisent, sont tous responsables. Ils servent exclusivement les intérêts de leurs monopoles avec comme seule boussole la réalisation des profits maximum, dans le contexte d’une concurrence acharnée et tout particulièrement dans le secteur vital de l’énergie, au détriment des intérêts des populations et des nations.
Pour notre parti, il est temps de mettre un coup d’arrêt aux prétentions capitalistes, sous le prétexte de transition énergétique, dans le domaine vital de l’énergie. Cela est possible en mettant en échec par la lutte unie et résolue le projet Hercule. Dans le même temps, notre parti met en avant l’exigence de la nationalisation complète du secteur de l’énergie sous le contrôle des citoyens et des salariés, pour permettre de créer les conditions d’une véritable maîtrise de l’énergie, de son développement, pour répondre aux besoins de pays et de préserver l’indépendance énergétique de la France. Cela exige une lutte politique d’ampleur pour un rapport de force en mesure de faire reculer les capitalistes et leur gouvernement.
Et comme nous le disons : menons la lutte politique pour abattre le capitalisme : construire le socialisme !

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