La centrale nucléaire EDF de Fessenheim doit fermer son deuxième réacteur 30 juin et donc arrêter toute production d’électricité. Cet arrêt est mené avec une discrétion totale et bien entendu sans débat sérieux sur les questions énergétiques, pourtant décisives dans une Nation moderne tant l’usage de l’électricité est devenu universel et indispensable à l’activité industrielle, des services et des usages domestiques.

C’est à la suite d’une campagne contre le nucléaire au nom de la défense de l’environnement que le pouvoir politique a scéllé la fermeture de cette centrale comme un premier pas vers la réduction drastique de la production d’énergie d’origine nucléaire.
Rappelons les faits : L'arrêt définitif de la centrale de Fessenheim pour 2016 est une engagement de la campagne présidentielle de F. Hollande en 2012 . En avril 2017, la ministre de l'écologie S. Royal signe un décret conditionnant la fermeture de Fessenheim à la mise en service du réacteur EPR de Flamanville et prévoit la « mise à l'arrêt définitif » pour fin 2018. Ce décret est annulé en octobre 2018.
En novembre 2018, E. Macron reprenant les engagements de son prédécesseur annonce le report de la fermeture à l'été 2020. En 2019, la fermeture de Fessenheim est confirmée pour 2020, malgré les retards de l'EPR de Flamanville. Autant dire que la politique énergétique de la France n’a pas bougé d’un iota. C’est si vrai que le 23 avril 2020, le Programme Pluriannuel de l’Énergie confirme l’objectif de réduire la production d’électricité nucléaire à 50 % pour 2035. Les 14 réacteurs dont la fermeture est programmée, sont à l’exception de la centrale de Cruas en Ardéche alimentées au MOX , un mélange d’uranium appauvri et de plutonium produit dans la réaction nucléaire. Autant dire que la fermeture de ces quatorze centrales va signer la fin programmée du recyclage du combustible usé.

La réduction drastique du programme électronucléaire civil, la fermeture des centrales nucléaires et la faiblesse du programme de leur renouvellement va fortement impacter une filière dont la capacité à fournir une énergie en continu est absolument indispensable à toute politique sérieuse de réindustrialisation du pays. Le remplacement des 12 réacteurs, plus les deux de Fessenheim, qui fermeront de 2028 à 2035, ne pourront être remplacés au mieux qu’entre 2043 et 2050. C’est dans ce « trou » que s’engouffrent les monopoles privés de l’énergie comme Total et Engie qui ambitionnent de devenir un concurrent « vert » d’EDF en construisant dans un délai de trois à quatre ans des centrales à gaz. On comprend mieux pourquoi, le 20 avril 2020, lors du "Conseil des ministres européens", la France a aussi voté la disposition de finance durable appelée "Taxonomie verte" qui vise à bloquer l'énergie nucléaire et à la remplacer par le gaz, polluant, mais pour la circonstance baptisé "énergie de transition" ! Les projets dit alternatifs en particulier éolien maritime sont aussi une source de profit énorme financée directement par l’État. Ainsi, aujourd'hui le coût de "l'aide de l'Etat" aux 7 projets d'éolien en mer après que les gouvernements et les ministères de l'écologie successifs aient dissimulé pendant 7 ans les tarifs à la population ( 5 ans à la Commission Européenne) sera-t-il au total 25 milliards qui seront payés essentiellement par les automobilistes et les entreprises bénéficiant du GNR (Gazole Non Routier) au travers du "Compte d'affectation spéciale Transition Énergétique" alimenté par la TICPE (Taxe Intérieure de Consommation des Produits Énergétiques" (ex TIPP). Le projet de St Brieuc produira l'électricité la plus chère d'Europe, 155 euros le MW qu'EDF produit à 49 euros. Et cela ne réduira pas d'un gramme les émissions de Gaz à Effet de Serre ! On observera que l'argent qui manque à notre système hospitalier coule à flots pour le capitalisme vert ! Normal, il alimente les profits des sociétés transnationales de l’énergie ! Bien entendu, TOUS les usagers de l'électricité, paieront en plus le SURcoût de ce "Renouvelable" au travers de la CSPE (Contribution au Service Public de l'Electricité) au tarif de 27,5 euros par MW produits par ces 7 parc éoliens, soit plusieurs milliards d'euros sur 20 ans.

L'abandon, total ou partiel, du nucléaire, secteur économique décisif depuis l'abandon de Super-phénix, a conduit à ce qu'il n'y ait plus de construction de réacteurs. Le savoir-faire acquis dans la construction des actuels 58 réacteurs a été depuis perdu. C'est vrai pour les entreprises mises aujourd’hui dans l’incapacité de construire dans les temps le réacteur EPR de Flamanville, comme par exemple l’impossibilité à présent de trouver des soudeurs hautement qualifié pour réaliser les soudures de cet EPR dont le frère jumeau chinois a démarré en juin 2018 et tourne à plein régime depuis octobre 2018.
Ainsi, l’industrie électronucléaire de haute technologie est fragilisée ; elle ne peut plus désormais gagner des marchés à l'export (hors le combustible) alors que 53 réacteurs sont en construction dans le monde.
Les 220.000 emplois industriels directs générés par la 3ème filière industrielle française auxquels s’ajoutent 3 fois plus d’emplois induits, doivent faire l’objet de toutes les attentions pour préserver nos capacités à répondre à l’enjeu du renouvellement du parc de production
Il est donc impératif d’engager sans tarder la filière dans la voie d'un développement durable (Réacteur à Neutron Rapide, séparation-transmutation pour les déchets haute activité). Cette voie renforcerait l’indépendance du pays quant à la production d’énergie bas carbone par l’utilisation des stocks considérables d’uranium actuellement présents sur le sol national.

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