Le confinement est loin d’avoir été une trêve politique pour le gouvernement, le Ministère de l’enseignement supérieur, de la recherche et de l’innovation (MESRI) a profité de la quarantaine sociale pour affûter sa loi pluriannuelle pour la recherche (LPPR) qui réponde au mieux aux besoins d’innovation des grandes entreprises françaises.

 La loi a pour objectif d'orienter la recherche publique sur les 10 marchés émergents jugés prioritaires par le gouvernement et le Medef et de « Faire de la France une économie de rupture technologique : Soutenir les marchés émergents à forts enjeux de compétitivité ». C’est sur ces thématiques que seront focalisés les financements publics pour la recherche. Mais pour cela il faut abattre les frontières entre recherche publique et recherche privée afin d’aligner les programmes de la recherche publique sur ceux de la recherche privée.

La LPPR prévoit toute une série de dispositifs amenant les personnels des laboratoires du public à travailler avec et pour le privé. De telles dispositions permettraient aux entreprises de limiter la part de leurs investissements et la prise de risque inhérente à la recherche tout en conservant la main sur les innovations qui ressortiront des travaux de recherche. Cette loi est un outil pour relancer les grands groupes français dans la guerre commerciale acharnée qui se joue entre les capitalistes sur l’ensemble de la planète. En abaissant leur coût de recherche et développement, elle leur donne un sérieux avantage compétitif sur le marché mondial. C’est un des outils du plan de relance de Macron.

Pour que les mesures budgétaires prévues par la LPPR soient incluses dans la loi de finances dès 2021, il est nécessaire que le gouvernement valide le projet de loi le plus rapidement possible. Pour cela, les avis des instances consultatives doivent être obtenus avant la tenue du conseil des ministres du 6 juillet. Le CNESER a inauguré la parodie de consultation en découvrant le projet de loi une semaine avant sa convocation. Ainsi a été court-circuitée toute concertation avec les organisations syndicales et a été empêchée toute possibilité aux personnels de se mobiliser pour contrer une loi qui va à l’encontre de leurs revendications.
La LPPR qui n’est qu’une étape dans les réformes de la recherche et l’enseignement supérieur qui se succèdent depuis plus de 20 ans et qui ne font qu’accroître la mainmise du capital sur la recherche publique.

Il faut une toute autre orientation politique. Réformer le capitalisme ne résoudra en rien les problèmes de la recherche qui souffre des objectifs fondamentaux du capitalisme qui détourne les avancées de la recherche à son seul profit. Les crises dont ils parlent ne viennent pas d’une mauvaise gestion d’entreprises ou d'une mauvaise organisation de la recherche mais du système capitaliste lui-même. L’innovation n’existe que s’il y a un développement des connaissances libre de tout objectif finalisé. Or, la LPPR ne vise qu’à brider la recherche fondamentale par des financements ciblés et à courte échéance pour permettre aux grands groupes d’accumuler toujours plus et plus vite du capital. C’est la logique du financement sur contrats de recherche à court terme et des emplois précaires. C’est cela la cause de la crise que vivent les personnels de la recherche publique.
En obtenant, au CNESER, le vote favorable à la loi de 3 organisations syndicales (Sgen-CFDT, SNPTES et Sup’Recherche-Unsa) en échange de la signature d’un protocole d’accord sur les salaires et les carrières qui ne changera pas le fond de la loi, Madame la Ministre révèle les liens étroits qui existent entre l’Etat et ces organisations syndicales.
Suite à la pandémie du Covid19, il ne faut s’attendre à aucun changement de la nature de classe du gouvernement actuel, à aucune trêve dans les attaques contre le salariat : Il est le mandataire au service du patronat.
Pour contrer cette loi, les personnels de l’ESR n’ont pas d’autre choix que de se mobiliser le plus largement possible. Le message qu’il faut renvoyer au gouvernement et au patronat, c’est aucune trêve dans les luttes. Le 25 juin à 13h, 72 rue Regnault Paris 13e, une journée de mobilisation est annoncée. Nous appelons les personnels à y participer massivement.

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