Le Haut Commissaire à la réforme des retraites J. Delevoye a présenté le 18 juillet son rapport sur le contenu de cette réforme
Ce rapport servira de base à un projet de loi qui devrait être examiné par le Parlement après les élections municipales de mars 2020
Les axes principaux de cette nouvelle réforme sont les suivants :

-La mise en place d’un système universel par point
*un âge de taux plein à 64 ans avec décote et surcote de 5%/an
*la perte du service actif (départ anticipé) pour 80% des bénéficiaires et reversement de ceux-ci sur le dispositif pénibilité ( seuls les militaires, policiers, gardiens de prison, douaniers, contrôleurs aériens, conserveraient le service actif).
*l’introduction d’une règle d’or garantissant l’équilibre financier par période de 5 ans avec un horizon de long terme à 40 ans.
*La création d’une Caisse Nationale de retraite Universelle avec « une gouvernance innovante » selon Delevoye.
Si quelques autres propositions du rapport Delevoye peuvent faire illusion, tel la majoration de 5% dès le premier enfant, un minimum de retraite à 85% du SMIC, un dispositif de reversion garantissant au survivant 70% de la retraite du couple, sur le fond la réforme annoncée, dans la logique des réformes d’hier, c’est la baisse du montant des retraites, l’augmentation du temps travaillé, le recul de l’âge de départ en retraite même si l’âge de départ à 62 ans est, à écouter Macron, sacralisée.
Mais la réforme Delevoye-Macron, ce n’est pas seulement cela !
C’est avant tout la liquidation du système qui prévaut depuis la Libération, un système par répartition, à prestation définie par annuité, où l’assuré acquiert ses droits par ses cotisations, pour lui substituer un système par répartition certes mais à cotisation définie et par point. Dans un système par point, le salarié achète des points tout au long de sa carrière, dont la valeur de service ( valeur du point laquelle établira la pension au moment de sa liquidation) fluctuera selon la situation économique et démographique. Ainsi le système par point ne garantit pas une prestation retraite sur une base définie telle jusqu’alors pour le régime général aujourd’hui: 50% des salaires moyens des 25 meilleures années pour 172 trimestres. Pour les fonctionnaires c’est 75% du traitement brut détenu depuis 6 mois au moins au moment de la liquidation de la pension, pour 42 annuités.
Avec la réforme Delevoye on passe d’un système où l’on acquièrt des droits qui garantissent une prestation, à un système où l’on achète des points qui assurent une retraite dépourvue de garantie quant à son niveau.
Le niveau de la retraite par point au moment de sa liquidation sera selon les exigences de l’équilibre financier du système. Il n’y aura plus de prestation garantie demain.
Au-delà la réforme qui introduit un système universel supprime les régimes particuliers, fonctionnaires et autres ( 42 régimes au total).
On est devant une réforme d’ampleur, qui peut en cacher une autre qui demain pourrait introduire un système de retraite par compte notional : système toujours par répartition par point, à cotisation définie, ou le montant de la retraite dépendrait outre du nombre de points de la valeur de service du point, de l’espérance de vie selon l’âge auquel intervient la retraite.
Ceci étant, le capital vise encore un peu plus loin, à savoir la généralisation de la retraite par capitalisation. Les retraites c’est un marché qui lui échappe, c’est un marché qu’il prétend conquérir et chacune de réformes depuis 1993 (Balladur) lui ouvre toujours des perspectives en la matière.
En effet, réforme après réforme, on voit des retraites qui ne cessent de diminuer et le régime universel Delevoye-Macron ne préfigure-t-il pas déjà une assistance minimum qui appellerait pour vivre la constitution de rentes, qui appellerait à des retraites complémentaires par capitalisation.
Face à la réforme Delevoye-Macron, il n’y a qu’une voie, celle de la lutte et du combat. Ne laissons pas au capital imposer son dictat.
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La réforme des retraites, réforme d’importance, fait partie d’un ensemble qui touche à tous les aspects de la société, du travail, de la vie du peuple.
Dès son arrivée au pouvoir, Macron a fait voter les « ordonnances » qui ont cassé le code du travail, donné des moyens supplémentaires au patronat pour exploiter les travailleurs. Il a réformé l’apprentissage, la formation professionnelle, , la loi santé a accéléré le recul du système, la situation des hôpitaux publics s’aggrave, la loi sur l’assurance chômage restreint le droits des chômeurs, il a accentué la sélection à l’université pour la jeunesse. Parallèlement il a supprimé des cotisations sociales des entreprises, augmenté la CSG et baissé des APL.
Nous l’avons dit dès le début de la présidence de Macron et l’annonce de ses réformes : il veut aller beaucoup loin que ses prédécesseurs.
Faisons un court retour sur les conquêtes des travailleurs et du peuple après la 2ème guerre mondiale :
-En 1936 la lutte massive des travailleurs avait imposé la semaine de 40h. et les congés payés.
-A la libération de la France en 1945, le Conseil National de la Résistance ( CNR) présenta son plan qui fut adopté au Parlement et mis en œuvre dès 1946.
*Au centre : le plan complet de la Sécurité sociale pour tous ( financée par une cotisation à part égale : 50% par les entreprises- 50% par les salariés). Le système solidaire de retraite par répartition permettant à tous et toutes de percevoir une pension pour vivre dignement.
*Le retour à la nation des grands moyens de production et financiers : les nationalisations, de la Banque de France - de la production et la distribution de l’électricité et du gaz – des houillères du Nord – des usines Renault, usines pilotes – des lignes aériennes avec Air-France -la création et la coordination des recherches de l’industrie , de l’énergie atomique.
La société restait dominée par le capitalisme mais le rapport des forces (la lutte des travailleurs avec la résistance, le rôle de l’URSS pour battre Hitler et le nazisme) imposèrent ces avancées. De Gaulle qui dirigeait le gouvernement, écrit dans ses mémoires à ce propos: « Certes les privilégiés les accueillaient mélancoliquement mais sur le moment tous, mesurant la force du courant s’y résignent d’autant qu’il avaient redouté bien pire ! »
Dans les années qui suivirent il n’y a pas eu de faillite d’entreprise mais au contraire un développement économique du pays en même temps que le progrès social.
Le capitalisme dont la raison d’être permanente est la recherche du profit maximum n’a jamais accepté que contraint et forcé. Avec le concours des gouvernements à son service, qu’ils soient de droite ou de gauche, il a tout fait pour reprendre les acquis : attaques contre la S.S., les retraites, privatisations ( qui se sont accélérées à partir de 1986). Ce sont les luttes dans les entreprises et leur convergence à plusieurs reprises – 1968 – 1995 qui ont fait reculer le gouvernement en place et le capital et ont imposé des revendications.
Aujourd’hui, Macron voudrait annuler tous les acquis, soumettre les travailleurs, la jeunesse, le peuple tout entier au capitalisme, à l’exploitation maximum.
Pourquoi ?
Le capitalisme domine le monde entier. Il continue son chemin mais il se développe inégalement. Chacun doit en permanence conquérir des marchés, exploiter les richesses naturelles. La concurrence mondiale est rude, sans merci. (voir aujourd’hui la concurrence entre les USA - la Chine – mais aussi avec la France…). Il faut dominer économiquement, politiquement , militairement, pour faire le meilleur profit. Voyez la guerre pour dominer le Moyen Orient riche en pétrole.
En France, Macron a pour tâche de tout faire pour créer les conditions pour placer le mieux possible le capitalisme français dans cette concurrence capitaliste internationale.
C’est la lutte de classe. Le capital et les travailleurs ont des intérêts irrémédiablement opposés
Contre la soumission du peuple au capitalisme, les travailleurs, le peuple, ont une seule arme : la lutte. C’est toujours la lutte qui a fait reculer le capital.
Dans le monde entier c’est la même chose. Il y a des luttes partout dans le monde, contre l’exploitation, l’oppression, pour l’indépendance. Nous sommes solidaires de tous les peuples.
En France, il y a des luttes, partout, dans les hôpitaux, l’industrie, le commerce, les enseignants. Elles ne s’arrêtent pas pendant l’été. Macron et son gouvernement le savent et craignent qu’elles se développent. Pas question de ralentir les réformes mais il faut faire de la pédagogie explique-t-il . Il réfléchit à un grand débat pour faire de la pédagogie sur sa réforme des retraites. Il va aussi convoquer une convention avec 150 français tirés au sort sur l’écologie ! Ils font aussi tout pour détourner l’attention des gens avec le concours des médias et diriger leur inquiétude : par ex. La campagne ces jours –ci qui explique que la planète en 7 mois a consommé ce qu’elle produit toute l’année et que le remède est de moins consommer !
Ne nous laissons pas détourner. Le capitalisme qui domine est responsable. Pour faire reculer Macron et le capital sur la réforme des retraites et l’ensemble de ses réformes et imposer des revendications, il faut tout faire pour développer les luttes dans les entreprises mais aussi développer l’action convergente des travailleurs de tous celles et ceux qui subissent les conséquences de cette politique, les retraités, le chômeurs, la jeunesse dont l’avenir est en cause.