740-27/10/2021 À écouter les dirigeants du patronat et du pouvoir, la reprise économique serait marquée par un rebond important de la croissance.

Selon Bercy qui s’exprime ainsi le 11 octobre : « La croissance est forte, elle est solide, elle est dynamique. Nous réviserons donc la prévision de croissance pour 2021, de 6 à 6,25 %. »
Il en va de même pour l’emploi qui serait marqué par une reprise forte des recrutements, si bien que la France manquerait de bras dans certains secteurs de l’activité économique : en particulier dans le bâtiment et le commerce. Cette petite musique laissant à penser que si chômage il y a et il y a, il serait dû pour l’essentiel à un manque de volonté des chômeurs de trouver un emploi. C’est d’ailleurs le fil idéologique déroulé par les capitalistes et leur pouvoir politique pour justifier une réforme de l’assurance chômage très défavorable aux salariés.
Ces discours sur la reprise se heurtent à des réalités bien moins positives. Mettre en avant une croissance de plus de 6 %, c’est faire comme si la pandémie et les confinements n’avaient pas plongé l’économie française et mondiale dans une grande dépression avec une chute du Produit Intérieur Brut d’environ 10 %.
C’est faire comme si des centaines de milliers d’emplois n’avaient pas été détruit et que de nombreux Plan de Sauvegarde de l’Emploi (PSE les mals nommés) car il s’agit en fait de restructuration avec des destructions nettes d’emplois, n’avaient pas fortement et durablement affecté des secteurs importants de la production. La réalité c’est que les embauches actuelles ne rattrapent pas les pertes subies depuis deux ans et qu’elles concernent majoritairement des emplois précaires sur des contrats à durée déterminées de moins de deux mois ! Ainsi, l’Organisation Internationale du Travail (OIT) estime dans un récent rapport(1) : « que le «déficit» en nombre d’emplois provoqué par la crise mondiale atteindra 75 millions en 2021, avant de retomber à 23 millions en 2022. Lié au précédent, le déficit en nombre d’heures travaillées qui inclut le déficit en nombre d’emplois et ceux qui ont eu des heures de travail réduites s’élève, en 2021, à l’équivalent de 100 millions d’emplois à temps plein et atteindra 26 millions d’emplois à temps plein en 2022. Ces baisses enregistrées au niveau de l’emploi et des heures de travail surviennent dans un contexte préexistant de niveaux de chômage élevés et persistants, de sous-utilisation de la main d’œuvre et de mauvaises conditions de travail. »
Si l’on ajoute à tout cela, une explosion des prix de l’énergie et des carburants, comme des produits alimentaires de base, conduisant à une inflation, que le mini-chèque de 100 euros du pouvoir ne saurait compenser, et qui met en grande difficultés des millions de travailleurs et leurs familles, de chômeurs, de jeunes et de retraités, alors, le tableau optimiste et euphorisant sur la reprise vole en éclats.
Ce sur quoi n’insistent pas le patronat et le pouvoir c’est que dans toute la période de pandémie de 2020 et 2021, les salaires ont été les victimes d’un chômage partiel massif et de leur blocage, tandis que les profits capitalistes et spéculatifs s’envolaient. C’est ce que notait récemment Le Figaro avec une certaine délectation : « Après une année 2020 cauchemardesque à cause de la pandémie de Covid-19 et du grand confinement, les fleurons français de l’industrie et des services semblent entrés dans une année folle. Les géants du CAC 40 ont fait bien mieux qu’effacer leurs performances du premier semestre 2020, lorsqu’ils avaient affiché une perte nette cumulée de 2 milliards d’euros. Entre janvier et juin derniers, ils ont réalisé plus de 60 milliards d’euros de profits, soit 41% de plus qu’au premier semestre de 2019 (42,7 milliards). »
Si les caractéristiques de l’évolution économique nationale demandent donc à être éclairées du point de vue des intérêts des salariés, elles ne sauraient être déconnectées des réalités de l’économie mondiale dont l’une des caractéristiques majeures est la profonde intégration dans ce que l’on nomme le capitalisme globalisé. Ce dernier, se traduit par des échanges de marchandises et de capitaux importants dans le cadre d’une concurrence mondiale acharnée que se livrent les monopoles capitalistes et les états à leur service pour maîtriser les ressources naturelles, les voies de communication et la force de travail.

La crise sanitaire, très inégalement traitée à l’échelle internationale, suivant qu’il s’agit des pays impérialistes les plus puissants qui ont pu vacciner leur population ou des pays dominés et pauvres qui n’ont pas eu les moyens de le faire, révèle les difficultés d’une reprise mondiale inégale d’autant plus que la loi de développement du capitalisme: les profits en hausse et l’accumulation du capital sont antinomiques à une réponse aux besoins essentiels de milliards d’êtres humains.
L’introduction du rapport du Fonds Monétaire International (FMI) sur les perspectives de l’économie mondiale, se fait l’écho (très atténué) de cette réalité : « L’économie mondiale devrait croître de 5,9 % en 2021 et de 4,9 % en 2022 (0,1 point de pourcentage de moins pour 2021 par rapport à la Mise à jour des Perspectives de l’économie mondiale (PEM) de juillet 2021). La révision à la baisse pour 2021 résulte d’une dégradation de la situation dans les pays avancés, en partie due à des ruptures d’approvisionnement, et dans les pays en développement à faible revenu, principalement en raison de l’aggravation de la dynamique de la pandémie. »
Ainsi, sont soulignées des réalités dont nous avons un écho journalier :
Les dettes colossales contractées par les états capitalistes dominants pour supporter leurs grandes entreprises privées ou publiques et dont la finance spéculative exige rémunération au détriment des salariés.
• Le différentiel important induit par une reprise de l’activité différenciée entre les pays qui ont eu les moyens ou non d’une politique vaccinale massive.
• La crise énergétique qui entraîne des hausses importantes des tarifs voire des ruptures de production d’électricité qui perturbent la production manufacturière comme c’est le cas en Chine.
• Les difficultés d’approvisionnement de matériaux indispensables à l’activité économique, comme c’est le cas avec les puces électroniques et qui ont couté aux dire de Renault un manque à produire de 500.000 voitures.
• La crise du commerce mondial du fait des capacités limitées des grandes compagnies maritimes en containers(2)
• les tendances inflationnistes qui commencent à poser la question des taux d’intérêts.

La description ne saurait régler le fond de la question qui est bien : Qui est responsable de cet énorme gâchis ? Si le capitalisme dans son développement mondial a conduit à une expansion des forces productives et des échanges, les conséquences de la pandémie nous font mieux mesurer qu’il est toujours dans l’incapacité de répondre aux besoins de l’humanité, ce n’est pas son but. Au stade où en sont arrivés les monopoles et l’énorme accumulation du capital, ils ne peuvent rechercher le développement des profits que dans un affrontement de plus en plus dur allant de la guerre commerciale à la guerre tout court. Se débarrasser de ce système prédateur est donc d’une brûlante actualité. La question qui arrive alors est bien celle de la lutte de classe pour renverser ce système et construire une société sans exploitation de l’homme par l’homme basée sur la coopération des hommes et de leurs forces productives et leur développement au service de toute l’humanité. Ce combat exige le développement de la lutte des classes et un parti politique révolutionnaire de plus en plus influent. Ce parti révolutionnaire COMMUNISTES existe, renforçons le ensemble.

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(1) Emploi et questions sociales dans le monde : Tendances 2021
(2)La spéculation va bon train la location d’un container : 16.000 dollars aujourd'hui, contre 3847 il y a un an, en passant par un pic à 20.0000 dollars le 10 septembre de l'Asie de l'Est pour l'Amérique du Nord et de de 2146 à 14.490 dollars dans les liaisons de la Chine vers l’Europe.