702-03/02/2021 Blé +20%, maïs + 30%, soja +50 % les cours de ces produits stratégiques s’envolent, les causes sont multiples, et les conséquences inquiétantes dans un monde aux mains du capital.

Les prix de ces produits stratégiques tant pour l’alimentation que pour l’élevage d’animaux sont soumis à des influences diverses : la situation géopolitique donc l’état du marché, la rapacité sans limites des mastodontes du commerce mondial et tout à fait à la marge, les conditions naturelles souvent présentées comme une fatalité inhérente au travail de la terre.
Presqu’à ce même niveau, la rémunération du travail du producteur, bien que très variable ne pèse généralement pas lourd dans la chaîne du producteur au consommateur.
La pandémie Covid créée beaucoup d’incertitudes et l’angoisse du lendemain conduit à assurer l’avenir de la sécurité alimentaire en stockant des matières premières agricoles, soit pour des raisons de stabilité politique soit pour engranger de juteux profits.
Juteux profits pour les multinationales du négoce de ces produits. En tête, Cargill l’américaine présente dans 70 pays vient d’amasser un bénéfice net de 3 milliards de dollars en 2020. Qualifiée de « pire entreprise du monde » pour le travail des enfants et la déforestation, elle détient aussi une grande part de l’arme alimentaire qui menace les populations.
Bunge, états-unienne aussi n’est pas si loin devant la franco-suisse Dreyfus . Si ces trois sociétés restent dominantes sur le marché des céréales, elles commencent à s’inquiéter de l’émergence de nouvelles concurrentes asiatiques notamment chinoises dans le cadre du rééquilibrage des forces capitalistes dans le monde.
C’est d’ailleurs la croissance exceptionnelle des achats chinois de maïs et soja qui font exploser la demande mondiale. La reconstitution beaucoup plus rapide que prévu de son cheptel porcin décimé par la peste porcine africaine, a accru la demande et les prix du maïs chinois ont dépassé ceux du maïs importé malgré les frais de transport !
L’Egypte, 1er importateur mondial de blé a augmenté ses achats de 40 % pour faire face à sa demande intérieure. Son fournisseur traditionnel, la Russie a fermé son marché et imposé des taxes pour garantir ses stocks devant la crainte d’une rupture dans l’ approvisionnement malgré une abondante récolte nationale.
A ceci s’ajoutent les incertitudes climatiques pour l’hémisphère sud, le phénomène de la Niña risque de provoquer, cette année, une grande sécheresse pour les cultures du Brésil et de l’Argentine, gros exportateurs.
Le secteur de l’énergie participe aussi à la flambée en détournant de leur finalité alimentaire des récoltes de maïs ou de colza pour fabriquer de l’éthanol. Ce n’est plus un phénomène marginal puisque c’est le cas pour 30 % du maïs américain et 70¨% du colza français- les résidus sont utilisés en tourteaux pour l’alimentation du bétail.
Enfin, les fonds de pension qui jusqu’alors n’investissaient dans le cadre agricole que pour financer des accaparements de terres manifestent de plus en plus d’intérêt pour les productions alimentaires de base.
Des signes de détresse nous parviennent déjà de pays très dépendants aux importations de céréales, c’est le cas de la Tunisie (voir Hebdo n° 700) et du Liban où les manifestants réclament du pain. Mais aussi du Yémen, de Lybie, du Bengladesh, du Maroc, de l’Algérie, de l’Egypte.
Hors l’alimentation humaine déjà affectée, les augmentations induites dans l’élevage sont en passe de faire grimper assez rapidement les prix des volailles et des viandes de bœuf et porc dans le monde entier.
Selon le FMI, une trentaine de pays et 265 millions de personnes sont menacés d’ insécurité alimentaire aigüe, terme élégant pour parler de la faim, des disettes, des famines.
Dans les pays les plus pauvres, le Covid lui-même et les contraintes qu’il engendre ont vite raison des entreprises plus ou moins informelles assurant -ou pas- l’alimentation quotidienne.
Toujours selon le FMI, l’extrême pauvreté, soit moins de 1,90 $ par jour a augmenté de 20% au second semestre 2020, les millions de travailleurs privés de toute ressource. Selon la FAO les prix des produits alimentaires ont augmenté de 2, 2 % pour le seul mois de novembre,7ème mois consécutif de hausse.
Rappel : la faim, avant le Covid, c’était déjà 10 % de la population en sous-alimentation et 20 000 morts par jour.
Cette pandémie, après avoir jeté une lumière crue sur l’état des systèmes de santé dans le monde capitaliste, éclaire aussi la logique qui fait que plus les pauvres sont pauvres à en mourir de faim, plus les riches s’engraissent. C’est la loi du capitalisme :l’exploitation des peuples pour faire le profit maximum.
Il est urgent de lutter de plus en plus fort partout, jusqu’à mettre un terme à ce système mortifère pour en construire un autre où les fruits de la terre et du travail nourrissent les peuples.

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