N° 789 04:10:2022 Camaïeu : L'enseigne de prêt-à-porter féminin placée en liquidation judiciaire par le tribunal de commerce de Lille !
Rideau noir sur Camaïeu, l’enseigne de mode est liquidée !!!

Cette décision va entraîner la fermeture des 514 magasins en France et la suppression de 2 600 emplois.
Camaïeu, c’était presque 2 600 salariés. Mais mercredi dernier, le tribunal de commerce de Lille Métropole a prononcé la liquidation de l’enseigne d’habillement féminin née à Roubaix. La fin d’un monde pour la mode et pour l’économie de la région.
« C’était une belle marque, reconnue par les clientes. » Mais elle n’est plus que pleurs, amertume et colère… Ce mercredi, après trois heures d’audience et dix petites minutes de délibéré, les juges du tribunal de commerce ont prononcé la liquidation judiciaire de la marque de mode féminine. La fin d’une grande aventure économique née dans la région, à Roubaix. Et pour ses salariés, la fin d’un monde. Celui des 2 574 salariés, celui des 517 magasins en France, celui des quelque 450 employés du siège de Roubaix.
Ce rendez-vous devant les juges, c’était un point d’étape : stop ou encore. Au fil d’un long après-midi d’attente, certains espéraient.
Si l’audience s’éternisait, c’est que cela pouvait laisser un peu d’espoir, qu’un délai au moins serait accordé pour que l’actionnaire réunisse des fonds… C’est ce que, le matin même, il avait tenté de faire croire, assurant être prêt à abonder son plan de continuation si l’État apportait son aide
Les poches vides !
« Un montage financier qui ne reposait sur rien » déclare un délégué syndical, «ils sont arrivés devant les juges les poches vides en espérant repartir avec les clés de la boîte. Ils ont eu le culot de faire les malheureux devant le tribunal ! C’est une honte ! » Le « carburant » pour que Camaïeu tienne au moins jusqu’en janvier et la fin de la période d’observation, c’était au minimum 70 millions d’euros. Et encore, il fallait démontrer comment l’entreprise allait être capable, sur dix ans, d’éponger ses 250 millions de dettes accumulées sur deux ans… Le compte, de toute évidence, n’y était pas.
« La marque a pas loin de 40 ans, ça ne peut pas fermer… », se lamentait Magali dans la tension de l’attente. « On a eu confiance dans ce projet, criait une salariée à l’énoncé de la décision du tribunal. Toute une vie à la poubelle, 2500 personnes à la rue, on fait comment maintenant ? »
Les boutiques ont fermé samedi 1er octobre !!!
Le fruit des dernières ventes ira augmenter les indemnités des salariés, qui recevront d’ici vingt et un jours leurs lettres de licenciements.
Pourquoi l’État n’a pas injecté d’argent ?
Dimanche, l’actionnaire de Camaïeu avait demandé une avance remboursable à l’État. Lequel a répondu par une fin de non recevoir, Bercy arguant que si l’État « doit bien entendu faire le maximum pour préserver l’emploi et l’activité », il ne peut « en aucun cas se substituer aux actionnaires ».
Un haut fonctionnaire proche du dossier note que l’État s’était déjà engagé à hauteur de 40 millions : 20 de report de dettes fiscalo-sociales et 20 de dettes Covid. Et donc que « cette société a déjà été beaucoup aidée ».
Il relève qu’une solution industrielle dans le cadre d’un plan de continuation doit d’abord reposer sur un engagement fort, financier, et sur des partenariats solides. « Les partenariats sont solides, mais l’engagement financier de 14 millions d’euros n’a pas été jugé suffisant ».
Le haut-fonctionnaire explique aussi les réserves quant à la démarche de l’actionnaire de vendre le siège de Roubaix qu’il avait ensuite l’intention de louer. « Quels moyens seraient-ils ensuite restés pour payer par exemple les salaires, en cas de liquidation ? »
Fort de ces éléments, l’Etat n’a pas été davantage convaincu lorsque, mercredi matin, l’actionnaire est revenu à la charge en proposant d’injecter davantage à condition que l’État suive !!!

Logement social : Vent de panique chez les organismes HLM, touchés par l’envolée du coût de l’électricité
Les bailleurs sociaux interpellent le gouvernement sur la hausse des charges qui guette leurs locataires. Ils demandent à bénéficier, comme les particuliers, d’un bouclier tarifaire.
Le directeur général de Seine-Saint-Denis Habitat, l’organisme HLM départemental, fait glisser sur sa table le graphique de la courbe ascensionnelle des prix sur le marché de l’électricité et les évaluations de ce qui lui en coûtera dans les prochains mois.
Son contrat d’abonnement arrivant à terme au 1er janvier 2023, le bailleur social s’est attelé, fin août, au renouvellement de sa fourniture en électricité, en se tournant vers le courtier Opéra Energie dont les simulations tarifaires ont affolé les équipes de l’organisme HLM. « Aujourd’hui, nos dépenses annuelles s’élèvent à 4,5 millions d’euros et, selon une estimation réalisée au 31 août, elles atteindraient 27 millions d’euros en 2023, en raison de la flambée des prix des énergies », détaille M. Prade. Une hausse qui sera répercutée dans les charges des locataires.
Selon les calculs du courtier, le coût de l’électricité des parties communes (éclairage, ascenseurs, ventilation, etc.) passerait ainsi en moyenne de 10 euros à 60 euros par mois pour les locataires des 33 000 logements de Seine-Saint-Denis Habitat. Pire, les 850 logements du parc immobilier chauffés collectivement à l’électricité verraient leurs charges de chauffage bondir de 65 euros à quelque 400 euros mensuels – soit autant que le loyer moyen d’un trois-pièces de 65 mètres carrés. Une augmentation « de 400 % insoutenable », alerte Bertrand Prade, qui a écrit, le 8 septembre, à Olivier Klein, à Bruno Le Maire et à Agnès Pannier-Runacher, respectivement ministres du logement, de l’économie et de la transition énergétique, pour demander l’aide de l’Etat « dans le cadre des réflexions sur le bouclier tarifaire ».
« Les locataires ne pourront pas payer »
Avec l’ouverture des marchés de l’énergie à la concurrence en Europe, les bailleurs sociaux (comme tous les plus gros consommateurs dits professionnels) ne bénéficient plus, depuis 2016, des tarifs réglementés de vente d’électricité. Ils ont l’obligation de se fournir sur les marchés de gros. « On se transforme en broker [« courtier »] sur un marché hypervolatile, où les prix proposés ne sont valables que quatre heures, déplore M. Prade. On ne peut pas livrer des locataires, qui plus est modestes, à la loi du marché de l’énergie. »
Si les acteurs du logement social ne sont pas tous concernés à ce jour par les fluctuations erratiques des prix de l’électricité, l’arrivée à échéance de leurs contrats les exposera, à tour de rôle, aux mêmes difficultés, tant que perdurera la crise énergétique. « Il y a un vent de panique aujourd’hui parmi les organismes HLM, résume Laurent Goyard, le directeur général de la Fédération nationale des offices publics de l’habitat. Les locataires ne pourront pas payer, nous avons un mur devant nous. »
« Un immeuble qui dépense aujourd’hui 7 500 euros par an pour ses ascenseurs, ses ventilations, sa chaufferie, etc., demain ce sera plus de 100 000 euros, soit environ 570 euros par logement par an, ce n’est pas possible », précise Marylise Fleuret-Pagnoux, présidente de l’Office public de l’habitat de l’agglomération de La Rochelle, dont le contrat d’abonnement arrive également à terme.
Pour les 26 000 locataires de l’OPAC du Rhône, l’office public de l’habitat rattaché au conseil départemental, la hausse des charges est déjà une réalité. Ils la découvriront à la fin du mois, à la réception de leur avis d’échéance du premier semestre. Le 18 mars, le bailleur a vu l’autorisation d’activité de son fournisseur d’énergie, E-Pango, être suspendue par l’Etat et a dû s’en remettre à « l’offre de secours » d’EDF, nettement plus coûteuse, pour acheter l’électricité des parties communes de son parc immobilier. Le coût moyen est ainsi passé de 7 euros à 18 euros par logement et par mois. Une solution provisoire puisque, au 1er janvier 2023, l’OPAC devra, comme Seine-Saint-Denis Habitat, avoir trouvé un nouveau fournisseur.
Plan de sobriété
« Depuis cinq ans, nous n’avions pas payé très cher notre électricité, la réalité du marché se rappelle à nous avec une forme de violence », s’alarme Xavier Inglebert, le directeur général de l’OPAC du Rhône, qui appelle lui aussi les pouvoirs publics à proposer un « bouclier tarifaire électrique adapté aux parties communes des logements sociaux ». Le 5 septembre, il a écrit aux locataires pour les avertir de la hausse des charges et d’un nouvel « ajustement des provisions pour charges communes prévisible à la fin de l’automne ». Il leur a également soumis un plan de sobriété énergétique, afin de baisser de 20 % la consommation d’électricité dans les parties communes des résidences.
Le bailleur prévoit ainsi de réduire, dès septembre, le nombre des points d’éclairage et la durée des minuteries dans les espaces extérieurs, les parkings, les halls, les cages d’escalier. Les plafonniers des cabines d’ascenseur seront également concernés, et les lampes à incandescence, plus consommatrices, seront remplacées par des équipements LED. « Toutefois, l’OPAC du Rhône, à lui seul, ne peut pas tout », poursuit M. Inglebert dans son courrier, qui demande aux locataires de prendre leur part, en les invitant, par exemple, à réserver l’emploi des ascenseurs au strict nécessaire, le coût de chaque trajet vertical ayant été estimé « en moyenne à 10 centimes ».
Au ministère du logement, on affirme que « le sujet » a été « parfaitement identifié ». Les ministères concernés travaillent de concert pour « trouver une solution rapide et viable », indique la porte-parole d’Olivier Klein !!!

Port-Jérôme-sur-Seine (Seine-Maritime) : Grève inédite à Exxonmobil, à l’arrêt suite à un mouvement social.
Pour la première fois de mémoire de syndicaliste, vendredi 23 septembre 2022, « la plateforme ExxonMobil est à l’arrêt en raison d’un mouvement social ». Cette mobilisation fait suite aux négociations salariales entamées mercredi 21 septembre 2022.
C’est une première à ExxonMobil : les usines sont arrêtées en raison d’un mouvement social. Devant le site de la plate-forme pétrochimique, vendredi 23 septembre, les agents sont regroupés. Ils sont là depuis le mercredi. Les drapeaux syndicaux entourent les entrées et un feu de pneumatiques est visible de loin. « Ce soir, tout sera à l’arrêt. Une plate-forme complètement à l’arrêt, ça ne s’est jamais fait. Avec des réquisitions préfectorales, ça ne s’est jamais vu non plus », précise le coordinateur du syndicat FO du groupe ExxonMobil. Alors que l’entreprise tourne habituellement en continu. « Nous sommes dans une situation ubuesque où l’entreprise perd plus chaque jour que le coût réel des augmentations que nous réclamons » explique le secrétaire général de la chimie ExxonMobil CGT : « Nous avons eu une négociation mardi, la direction a proposé 4 % pour l’ensemble des travailleurs, avec des augmentations individuelles ensuite en fonction de sa notation et une prime Macron de 3000 €. Sauf que cette proposition vient dans un contexte d’inflation, où l’on a 6,7 % d’inflation annoncée à la fin de l’année et les chiffres pour 2023 tiennent entre 3,5 et 6,5. Donc le compte n’y est pas. D’autant que la société a annoncé des chiffres pharaoniques pour ce premier semestre, à savoir 409 millions de résultats opérationnels et 1,075 milliard de résultats nets. Ce sont des chiffres jamais vus et donc les travailleurs veulent récupérer ce qui est dû au fruit de leur travail. »
« On peut continuer comme ça longtemps »
Ces réclamations interviennent dans un contexte difficile pour les travailleurs. « À force de tirer sur la corde, elle finit par casser, on a beaucoup de démissions, des burn-outs. Les salariés qui restent demandent de la rémunération, parce qu’ils ne sont pas reconnus dans leur travail et sont surchargés. »
Les deux syndicalistes estiment le mouvement suivi à « environ 80 % chez les personnes de quarts » et « 10 % pour celles travaillant à la journée ». La raffinerie de Fos-sur-Mer, est également concernée par le mouvement de mobilisation.
En assemblée générale mercredi 14h, la grève a été reconduite pour 72h. « Nous, on peut continuer comme ça encore longtemps, donc on espère qu’à un moment, quelqu’un de chez nous va réagir, avec un peu de lucidité, va nous inviter à revoir les négociations salariales et qu’on arrête tout ça. »
La signature est prévue pour lundi 26 septembre à 14h, mais si aucun accord n’est trouvé, la grève pourrait se poursuivre au-delà.

Viria (Calvados) : Entreprise de services énergétiques.
Les salariés ont cessé la grève ! Un accord a été trouvé entre les salariés en grève, la direction. Les salariés ont obtenu :
• Le paiement de l’intégralité des primes vacances,
• la restitution des RTT avec un engagement de 10 RTT par an ferme,
• une revalorisation de l’indemnité d’astreinte S.I.U de 4% à compter de septembre 2022.
• Une revalorisation salariale de 1,5% dès le 1er janvier, venant s’ajouter à celle déjà acquise de 2,4% depuis septembre.
"Ces augmentations sont définitivement acquises contrairement à des primes remises en cause chaque année et en cas d’absence pour maladie. Elles nourriront les caisses de retraite et de l’assurance maladie dont on nous dit qu’elles sont en déficit." déclare le syndicat de Viria.

Attaque contre la Sécurité Sociale et les travailleurs: Déremboursement de certains arrêts de travail !
A l’occasion de la présentation du budget de la Sécurité Sociale, Gabriel Attal, a indiqué vouloir dérembourser les arrêts maladies délivrés en téléconsultation par un professionnel non-médecin traitant.
Une politique aux implications graves.
Le ministre de l’Action et des comptes publics en revenant sur la politique du gouvernement et le contenu du projet de loi de finances pour 2023 et évoquant le budget de la sécurité sociale, Attal a annoncé une énième attaque : le déremboursement de certains arrêts de travail.
Ce sont les arrêts délivrés en ligne que le ministre a dans le viseur. Celui-ci explique en effet que certains travailleurs « enchaîneraient » « les consultations en ligne jusqu’à trouver celui qui voudra bien leur délivrer leur arrêt de travail » ce qui coûterait 100 millions d’euros à la sécurité sociale.
Une fraude supposée face à laquelle Gabriel Attal a annoncé que « ces arrêts délivrés en visio par un médecin qui n’est pas le médecin traitant ne seront plus remboursés par la Sécurité sociale. » Une manière de stigmatiser les travailleurs et d’en profiter pour s’attaquer à leurs droits.
La mesure de Attal ouvre en effet un précédent grave, en conférant au gouvernement la possibilité de choisir de dérembourser toute une série de prestations selon son bon vouloir. Une attaque par ailleurs en décalage avec la réalité de la couverture médicale du pays, particulièrement inégalitaire, et qui explique que 6,3 millions de français n’aient pas de médecin traitant d’après l’Assurance Maladie.
Cette annonce va de pair avec d’autres mesures concernant le renforcement des contrôles des cybers-enquêteurs des caisses de la sécurité sociale et le durcissement des sanctions. « Les fraudeurs n’écoperont plus seulement d’une amende mais devront aussi régler leurs frais de dossier » a ainsi expliqué Gabriel Attal, cherchant sous couvert de parler pour « les Français » à pointer du doigt une partie de la population.
L’annonce de Attal s’inscrit dans une stratégie éculée : dénonce la « fraude » des travailleurs et des précaires pour s’attaquer aux droits des travailleurs.
Une stratégie qui repose sur l’invisibilisation de la fraude la plus importante, celle du grand patronat. Ainsi, quand bien même le chiffre de 100 millions d’euros serait vrai, représente 0,007% de la perte fiscale liée à l’évasion des entreprises, évaluée à 14 milliards par an en 2019.
Dans un contexte de réformes multiples visant à réduire les droits des travailleurs et des précaires, de la lutte contre la « fraude sociale » à la réforme du RSA ou de l’assurance-chômage, il y a urgence à dénoncer cette tentative de division des travailleurs.

Arcques (Pas-de-Calais) : Les salariés de la verrerie Arc en chômage partiel !
L’APLD (activité partielle longue durée) mise en place dans la verrerie du Pas-de-Calais, va s’étendre, avec la fermeture définitive d’un four et une forte baisse de production. La direction se justifie par des pertes de commandes et l’explosion du prix du gaz. Les salariés, eux, y perdent 16% de salaire net.
Ils sont 1 600 depuis le 1er septembre, mais beaucoup plus demain. Lors de la réunion de CSE extraordinaire, la direction de la verrerie Arc, à Arques (Pas-de-Calais), a confirmé que le chômage partiel, qui touche aujourd’hui les salariés des « fonctions supports » (administration, ventes…) deux jours par semaine, concernera aussi bientôt les ouvriers de production. « Il va s’étendre à toute l’entreprise, commente le délégué central CGT, alors que face à l’inflation, on s’attendait plutôt à négocier une augmentation de salaire. » Les élus du CSE ont en effet appris qu’un des neuf fours fermera définitivement, tandis que d’autres seront arrêtés provisoirement « pendant l’hiver », pour une durée non précisée.
Des opérations de maintenance seront avancées et, surtout, la production annuelle du site passera de 260 000 à 225 000 tonnes. Les jours chômés, payés à seulement 84% du salaire net habituel, sont en grande partie pris en charge par l’Etat. « On ne peut pas se permettre de perdre un seul centime, insiste le délégué syndical. Nous avons demandé une compensation à 100% de l’APLD. »
« On envoie un mauvais signal, celui qu’on réduit la voilure »
Les élus syndicaux prédisent aussi un gros coup de rabot parmi les 500 intérimaires actuels et un arrêt dans les embauches, qui se sont montées à 450 l’année dernière et auraient dû culminer à 500 cette année. Avec 200 à 250 départs par an (retraites, démissions…), la verrerie avait même, pour la première fois depuis très longtemps, vu croître légèrement ses effectifs.
Depuis le début des années 2000, le nombre de salariés à Arques a chuté de 11 700 à 4 600. La direction explique ses choix par une baisse de 24% du carnet de commandes, après un premier semestre 2022 correspondant aux « meilleures performances [du site d’Arques] depuis sept ans ». Et par « une facture de gaz qui a déjà été multipliée par quatre », passant de 19 à 75 millions d’euros entre 2021 et 2022. Le plus « dangereux », c’est qu’« à partir d’une situation conjoncturelle, on écrive une nouvelle stratégie ». La direction annonce privilégier « des articles innovants à forte valeur ajoutée ». L’élu CGT craint une « spirale infernale descendante […], en abandonnant une partie du volume à la concurrence ». « On arrête les hublots de machine à laver, illustre-t-il. Ils n’ont jamais été rentables, mais on aurait pu les remplacer par autre chose. On envoie au mauvais signal, celui qu’Arc réduit la voilure. »
Entreprise familiale créée en 1825, Arc est aujourd’hui un groupe mondial, qui possède trois autres sites de production, aux Etats-Unis, aux Emirats arabes unis et en Chine. Après une succession de plans de refinancement alliant fonds privés et publics (La somme des prêts consentis par l’Etat à Arc atteint 128 millions d’euros). Quels sont les plans à long terme de l’actionnaire unique, l’Américain Dick Cashin ? Fondateur du fonds d’investissement One Equity Partners, sa présence au capital est évidemment tout sauf un acte de philanthropie.

Prud'hommes : Le Comité européen des droits sociaux épingle le barème Macron !
Ce dispositif, mesure très contestée du début du précédent quinquennat, est entré en vigueur peu après l’élection d’Emmanuel Macron par voie d’ordonnance.
Le Comité européen des droits sociaux du Conseil de l'Europe (CEDS) a considéré que la France violait la Charte sociale européenne en plafonnant les indemnités aux prud'hommes en cas de licenciement abusif, dans une décision rendue publique lundi. Saisi par la CGT et la CGT-FO en octobre 2017 et mars 2018, le CEDS estime que « le droit à une indemnité adéquate ou à une autre réparation appropriée au sens de l'article 24.b de la Charte n'est pas garanti » par les ordonnances Travail adoptées en 2017.
Ce passage de la Charte définit notamment « le droit des travailleurs licenciés sans motif valable à une indemnité adéquate ou à une autre réparation appropriée », avec « un droit de recours contre cette mesure devant un organe impartial ».
Le Comité, qui a pris sa décision à l'unanimité de ses quinze membres, considère encore que « les plafonds prévus […] ne sont pas suffisamment élevés pour réparer le préjudice subi par la victime et dissuasifs pour l'employeur ». Le CEDS avait déjà condamné en 2016 la Finlande pour un plafond similaire d'indemnités fixé à 24 mois. Le « barème Macron », mesure emblématique et très contestée du début du précédent quinquennat, est entré en vigueur en septembre 2017 par voie d'ordonnance, malgré la vive opposition des syndicats.
Il a supprimé le plancher de six mois minimum d'indemnité pour les salariés ayant au moins deux ans d'ancienneté, et plafonné entre un et vingt mois de salaire brut, en fonction de l'ancienneté, les dommages et intérêts dus en cas de licenciement abusif (hors licenciement pour harcèlement ou discrimination). Auparavant, le conseil des prud'hommes disposait seulement d'un barème indicatif.
Une mesure très contestée !!!
Le « barème Macron » a été validé par le Conseil constitutionnel en 2018, puis par la Cour de cassation en mai. Celle-ci a estimé qu'il n'était pas contraire à l'article 10 de la convention n° 158 de l'Organisation internationale du travail (OIT), qui prévoit qu'en cas de licenciement injustifié le juge puisse ordonner le versement d'une indemnité « adéquate » au salarié. Elle avait alors souligné que les décisions du CEDS « n'ont pas de caractère contraignant en droit français ».
Le CEDS rappelle, lui, que ses décisions « peuvent servir de base à des développements positifs pour les droits sociaux » et que la Charte sociale européenne, complément de la Convention européenne des droits de l'homme en matière sociale et économique, est un texte contraignant pour les États qui l'ont signé. La France l'a signée en 1996 et ratifiée en 1999.

Biéville-Beuville (Calvados) : Les salariés veulent des négociations, le préfet envoie les forces de l’ordre pour des réquisitions !
97% du personnel soignant de l’EPHAD « Les Pervenches », établissement à but lucratif, sont en grève depuis le 21 septembre pour demander des négociations sur les salaires et les conditions de travail.
Pour la direction, pas de négociations avant le 17 octobre, et refuse d’entendre les revendications des salariés. Même si le gouvernement appelle les entreprises à augmenter les salaires, les faits démontrent le contraire. Des salariés en grève, (droit constitutionnel) et la seul réponse de la direction est de faire intervenir l’ARS et le Préfet pour aller chercher les grévistes par les FORCES DE L’ORDRE à leur domicile (devant enfants/conjoint) et leur imposer une réquisition.
Le droit de grève devient un délit dans le Calvados !!!
Au lieu d’obliger la direction à aller voir les salariés, on envoie des forces l’ordre frapper aux domiciles de familles, ignorant l’impact sur l’entourage. Entre le discours du gouvernement et son représentant, il y a un gouffre, c’est l’effet d’annonce et la réalité de terrain.
Alors que la direction de cet EPHAD prend des intérimaires pour remplacer les grévistes, aucunes réactions des services de l’état. Ce qui interroge, quand on sait que ce groupe à plusieurs EPHAD dans notre région, et le traitement réservé aux salariés en lutte.
Ils se battent pour vivre mieux, et la réponse de la direction est le pourrissement.

TotalEnergies : 3 journées de grève pour les salaires !
Le mouvement, lancé mardi 27 septembre au matin, a été lancé pour au moins trois jours. En plus d'une revalorisation salariale de 10 % pour 2022, les salariés de TotalEnergies en France réclament le dégel des embauches et un plan d'investissements massif. Une réunion est prévue ce même mardi au niveau de la branche pétrole.
Ils réclament une hausse des salaires et menacent de bloquer l'approvisionnement des stations-service en carburant, à l'appel de la CGT.
Plusieurs sites sont concernés : la bioraffinerie de La Mède (Bouches-du-Rhône), les raffineries Normandie au Havre, celle de Donges (Loire-Atlantique), Carling (Moselle), Feyzin (Rhône) et Oudalle (Seine-Maritime), ainsi que les dépôts de carburants de Grandpuits (Seine-et-Marne), et de Flandres (Nord).
Des profits énormes !
« On appelle à ne sortir aucun produit des raffineries de la pétrochimie, là où la CGT est implantée », a déclaré le délégué syndical central CGT du raffinage pétrochimie de TotalEnergies en France. Outre une « revalorisation salariale immédiate à hauteur de 10 % pour l'année 2022 », la CGT réclame le « dégel des embauches » en France et « un plan massif d'investissements » dans l'Hexagone, a-t-il énuméré. Ces revendications avaient déjà été à l'origine de mouvements le 24 juin et le 28 juillet derniers.
Une partie des employés touchent des salaires « extrêmement faibles et il y a besoin de les revaloriser à hauteur de ce que le groupe dégage comme bénéfices », a souligné le responsable syndical. TotalEnergies a réalisé d'énormes profits au deuxième trimestre 2022, profitant à plein de la hausse des cours du pétrole et du gaz, qui a suivi l'invasion de l'Ukraine par la Russie.
La production des raffineries affectée
En plus des perturbations dans l'approvisionnement des stations en carburants, la production des raffineries pourrait être touchée. En cas de forte mobilisation, elle devrait connaître une baisse des débits de 20 % à 30 %. TotalEnergies emploie en France 35.000 salariés, en comptant ses filiales.
Une entrevue au niveau de la branche pétrole est prévue mardi, principalement dans les sites pétroliers. Ils devraient être rejoints par les autres sites du groupe, avec en ligne de mire la journée d'action dans l'ensemble des secteurs économiques jeudi, à l'appel de la CGT et de Solidaires.

Douai (Nord) : Le service de gastro-entérologie du Centre Hospitalier va fermer !
Le syndicat CGT du centre hospitalier de Douai s’en inquiétait il y a quelques semaines. Et bien ses inquiétudes étaient fondées. La nouvelle est tombée : le service de gastro-entérologie du Centre hospitalier de Douai fermera le 22 octobre.
Selon le syndicat CGT, ce service était dernièrement passé de 30 lits à 12 par manque de médecins. Beaucoup espéraient l’arrivée d’un chirurgien gastro-entérologue mais c’est l’inverse qui vient visiblement de se produire. « Le dernier médecin vient (apparemment) de démissionner » informe la direction de l’hôpital.
De quoi raviver les inquiétudes sur la qualité de l’offre de soins en Douaisis. Une pétition sera mise en ligne à partir du jeudi 29 septembre, par le Collectif de Défense et de Développement des Services Publics du Douaisis, afin de réclamer davantage de moyens humains et financiers pour l’hôpital.

Crise énergétique : Ce n’est pas aux salariés de payer la facture !
L’augmentation du prix de l’énergie a des conséquences dramatiques pour les particuliers, mais aussi pour les entreprises. Dans l’industrie du verre et de la céramique, très énergivores, les effets ne se sont pas fait attendre. Et ce sont les salariés qui paient la facture.
Duralex a annoncé la fermeture de son usine du 1er novembre au 31 mars 2023. Arc a mis 1600 salariés au chômage partiel entre septembre et décembre et a instauré, en France, le travail la nuit, le week-end et les jours chômés pour diminuer la facture énergétique.
Ce qui correspond, pour les salariés de cette dernière (l’une des entreprises qui rémunère déjà parmi les plus mal de la branche des industries du verre) à une perte de salaire de 16 % !
Deux annonces aux conséquences d’autant plus dramatiques pour les salariés que l’inflation est galopante : la diminution du pouvoir d’achat s’annonce encore plus forte que prévue. Les négociations pour le maintien du salaire devraient commencer avec ces deux entreprises.
Les conséquences des mauvais choix stratégiques
« Les salariés n’ont pas à assumer le coût de mauvais choix énergétiques et stratégiques »
En cause : le choix de la mono énergie et des tarifs non réglementés ;
• le refus d’investir dans des technologies de fusion qui couplent les énergies ;
• le non-investissement dans les énergies renouvelables et dans la récupération de chaleur pour les services généraux de ces entreprises…
• et pour Arc, le résultat d’une situation financière catastrophique depuis plus de 20 ans.
100 % du salaire maintenu en cas de chômage partiel
À défaut d’accord de branche, chaque direction doit négocier avec les représentants syndicaux concernés.
Chez Duralex, où la direction a tenté, sans succès, de contourner les organisations syndicales en négociant directement avec le CSE, le timing des rencontres vient d’être défini, avec une première réunion le 28 septembre ; chez Arc, le processus est lancé, mais aucune date n’est fixée pour l’instant.
« Nous demandons le maintien du salaire à 100 %, avec l’intégration de tous les éléments de rémunération, et le maintien de la cotisation retraite » !
Dans l’industrie du verre, le salaire de base représente en effet les trois quart de la rémunération, le quart restant étant lié à des variables (primes de pénibilité, transports, etc.).
Les moyens financiers existent
Taxer les profits, les dividendes ou les rachats d’actions, le gouvernement et les entreprises doivent prendre leurs responsabilités. Faut-il rappeler que le gouvernement verse plus de 150 milliards d’euros aux entreprises sans contrepartie.
Les organisations syndicales, les représentants du personnel réclament un droit de contrôle sur la décision de mise en chômage partiel.
Dans cette période inflationniste, de dégradation du pouvoir d’achat, de réforme des retraites qui s’annonce, les revendications du maintien total du salaire sont primordiales.

CARREFOUR : la grève se poursuit pour une hausse des salaires !
Les négociations salariales se poursuivent à la dure chez Carrefour, où les employés réclament une augmentation indexée sur l'inflation. Jugées insuffisantes, les propositions de la direction ont été accueillies par une nouvelle journée de grève.
Partout en France, les salariés de Carrefour sont en grève pour réclamer une augmentation des salaires et survivre au difficile contexte économique actuel. Le 15 septembre, les négociations annuelles avaient donné lieu à une proposition d'augmentation de 2% par la direction, jugée très insuffisante par l'ensemble des syndicats.
Force Ouvrière, et la CGT, avaient appelé conjointement à la mobilisation, exigeant une réouverture des négociations. La direction de Carrefour a semblé les entendre, puisqu'une nouvelle réunion de négociation s'est tenue le 22 septembre. Les dirigeants ont fait savoir dans la presse qu'ils avaient formulé "une nouvelle proposition de 2.5% d'augmentation salariale" au 1er novembre. A discuter pour FO, encore loin du compte pour la CGT, qui appelé à maintenir la mobilisation dans un communiqué. Le syndicat fustige une "nouvelle aumône" et une "proposition indécente". "La direction est complètement déconnectée de la réalité du terrain et de la souffrance des salariés, qui ne peuvent plus s'en sortir".
L'enseigne estime de son côté que "la direction a maintenu le dialogue social" en proposant plusieurs mesures salariales pour un total "de +8.3% depuis août 2021, une augmentation assez conséquente, surtout quand on la met face à l'inflation en France", évaluée en août 2022 à +5.8% sur un an. Rapporté à un salaire de base de 1300 euros net, une augmentation annuelle de 8% représente une augmentation de 3,40 euros la journée.
Mobilisation très suivie dans les Hauts-de-France.
De fait, la mobilisation s'est poursuivie samedi 23 septembre, les clients étant invités par les protestataires à se rendre dans d'autres enseignes de la grande distribution. La disponibilité des produits a effet été mise à mal par la grève des salariés des entrepôts qui alimentent les magasins Carrefour. Dans le Nord, la grève également très suivie à Carrefour Supply Chain, située à Aire-sur-la-Lys et qui alimente environ 450 magasins dans la région. Leurs collègues en magasin ont pris le relais, à Wasquehal ou encore Audruicq (62), où l'action du 23 septembre a mobilisé 80% de l'effectif selon la CFDT.
La CGT plaide pour un rapport de force dans la durée, jusqu'au 29 septembre au moins, et refuse de reculer avant " un salaire minimum de 2.000 euros brut et une augmentation de 300 euros pour tous". L'enseigne avait annoncé fin juillet une hausse de 13,2% et vanté sa capacité à gagner des parts de marché.
Dans le Cher.
Les syndicats, notamment FO et la CGT, ont organisé plusieurs débrayages, ce samedi matin, dans les magasins Carrefour, celui de Fenestrelay à Saint-Germain-du-Puy ou celui de la Chaussée de Chappe, à Bourges. À l’origine, les négociations annuelles obligatoires. Syndicats et direction ne sont pas encore tombés d’accord.
La direction a proposé 2,5% d’augmentation de salaire au 1er novembre 2022, soit +8,3% depuis août 2021 : « Il s’agit de loin de l’augmentation la plus importante de toutes les entreprises de la grande distribution, là où le taux d’inflation est d’environ 5,8% en France », selon la direction du groupe. « À cette augmentation de salaires de 2,5% s’ajoutent une prime de partage de la valeur de 100 € ainsi que la prolongation de la remise sur achats de 12% (carburant compris) jusqu’au 31 mars 2023. »
La CGT réclame notamment une grille de salaire minimum de 2.000 euros et une augmentation de 300 euros pour tous. FO met la barre de l’augmentation à 3% et demande des embauches supplémentaires.

Hôpital : Plus de 4 300 lits d’hospitalisation complète supprimés en 2021 !
Les établissements de santé continuent leur « virage ambulatoire », selon le ministère de la santé, avec la création l’an dernier de quelque 2 700 places d’hôpital de jour.
Ce n’est pas ce qu’on appelle une opération blanche. Plus de 4 300 lits d’hospitalisation complète ont été fermés en 2021 dans les établissements de santé français, qui ont créé dans le même temps 2 700 places d’hospitalisation partielle, selon une étude du ministère de la santé publiée mardi 28 septembre.
En plus de l’épidémie de Covid-19, qui a encore conduit l’an dernier à fermer des services et des chambres doubles, les capacités hospitalières ont aussi subi des « contraintes de personnel ne permettant pas de maintenir les lits », explique la direction statistique des ministères sociaux (Drees).
Bond de l’hospitalisation à domicile.
Au 31 décembre, les 2 984 hôpitaux publics et privés disposaient très exactement de 382 587 lits d’hospitalisation complète, soit 4 316 de moins en un an. Un chiffre provisoire en léger repli par rapport à 2020 (moins 4 900) mais encore supérieur aux baisses constatées avant la crise sanitaire.
Au total, plus de 21 000 lits ont été supprimés entre la fin de 2016 et la fin de 2021, correspondant en majeure partie au premier quinquennat d’Emmanuel Macron. Soit deux fois plus que sous son prédécesseur, François Hollande (moins 10 000), mais nettement moins que durant le mandat de Nicolas Sarkozy (moins 37 000).
Cette tendance au long cours « reflète la volonté de réorganiser l’offre dans un contexte de virage ambulatoire », expression consacrée pour désigner la part croissante des soins sans nuit à l’hôpital, notamment en chirurgie. Le nombre de places d’hospitalisation « de jour » a d’ailleurs poursuivi sa hausse : 2 743 ont été ouvertes en 2021, portant leur total à 82 502, soit 9 000 de plus en cinq ans.
L’hospitalisation à domicile a également enregistré une nette progression de ses capacités, de 6,8 % après un bond de plus de 10 % en 2020. Avec 22 800 patients « pouvant être pris en charge simultanément sur le territoire », ce mode de prise en charge représente désormais « 7,6 % des capacités totales en hospitalisation complète » hors psychiatrie, contre 2,1 % en 2006.

Cherbourg (Cotentin) : Amiante dans un atelier de Naval Groupe.
La CGT claque la porte d'une commission !
Sur le site Naval Group de Cherbourg (Manche) s’est tenue une réunion de la commission santé, sécurité et conditions de travail où a été abordée la question des poussières d’amiante découvertes dans un atelier.
Dans celui-ci, le bâtiment PLC, une des deux nefs sert de plate-forme logistique et d’atelier de soutien pour environ 150 sous-traitants travaillant au chantier Laubeuf.
Les toitures en fibrociment ont été changées, mais des poussières d’amiante ont néanmoins été découvertes sur les murs. « Compte tenu de l’empoussièrement actuel du bâtiment, nous avions émis des doutes quant à la réalité du nettoyage », indiquait il y a une dizaine de jours le syndicat CGT de l’arsenal, qui avait exercé son droit de retrait.
« Inadmissible »
De nouvelles analyses ont été réalisées. « Certains frottis se sont révélés positifs, mais il n’y avait en revanche aucune fibre dans les prélèvements atmosphériques », explique la direction de Naval Group. En accord avec l’inspection du travail, un nettoyage du bâtiment a été engagé, de nuit ou le week-end, maintenant en journée une activité industrielle (les actionnaires doivent toucher leurs dividendes, peut importe la santé et la vie des salarié-es)
Une décision inadmissible pour la CGT, d’autant que les pompes d’aspiration utilisées pour le nettoyage montrent toujours la présence d’amiante dans les poussières. Le syndicat a donc quitté la réunion de la commission, dénonçant « l’obstination de Naval Group à ne pas soustraire les personnels au risque amiante ».

MONDE

Grande-Bretagne : « Enough is enough ! » : Grèves massives et inédites en Grande-Bretagne
L'entrée en grève des dockers de Liverpool, après 10 jours de "pause" forcée par les institutions britannique à l'occasion de la mort de la reine du Royaume-Uni, remet la guerre sociale au centre du jeu politique anglais.
Retour sur la mobilisation sociale, notamment des cheminots, au Royaume-Uni.
Dans un contexte d’augmentation des prix dépassant les 10 % annuels, de mise à genoux des finances des foyers ouvriers et populaires par les fournisseurs d’énergie, la classe ouvrière britannique a fait, selon la formule consacrée, son « retour » sur la scène de la lutte de classe.
A l’appel du syndicat Rail Maritime Trade Union (RMT) affilié depuis 2013 à la Fédération Syndicale Mondiale, ainsi que le syndicat catégoriel des conducteurs de trains ASLEF, les cheminots de la dizaine d’opérateurs privés se partageant les différents « marchés » en Ecosse, Angleterre et Pays de Galles se sont mis en grève, avec les cheminots du gestionnaire de réseau « Network Rail ». Les cheminots ont à plusieurs reprises au cours des derniers mois, cessé le travail de manière massive et déterminée.
A l’image de l’ensemble des travailleurs, les cheminots sont déterminés à imposer des augmentations générales de salaires à la hauteur de l’inflation. A cela s’ajoute la volonté de mettre en échec le plan de suppression d’emploi massif dans les gares et sur le réseau demandé par le gouvernement aux opérateurs privés.
En effet, les opérateurs privés et le gouvernement prétextent la nécessité de « rembourser » par cette saignée les fonds publics réclamés par les magnats du rail pendant les confinements et la baisse d’activité et de recettes imputée au COVID-19. Sont également menacés divers accords et usages en vigueur dans plusieurs réseaux.
Pourtant, les effectifs sont déjà comprimés au maximum : c’est ainsi que dans la majorité des réseaux, le plan de transport prévu ne peut être que tenu si les cheminots, notamment les conducteurs et les accompagnateurs, effectuent toutes et tous un volume très important d’heures supplémentaires de manière volontaire ! La capacité du RMT à organiser cette grève de manière coordonnée est d’ailleurs remarquable, tant les obstacles légaux mis au travers des syndicats pour appeler à la grève sont nombreux.
D’autres secteurs, comme les dockers, les postiers, des conducteurs de bus (dont ceux de Liverpool qui ont, après 29 jours de grève, imposé satisfaction), infirmières, enseignants, se sont depuis lancés dans des grèves similaires ou se préparent à le faire. La confédération Trade Union Congress (TUC) brille cependant par son incapacité à coordonner toutes ces grèves de manière à leur donner une stratégie commune et un objectif commun.
Dans ce contexte, une délégation de cheminots syndiqués au sein de syndicats CGT affiliés à la FSM, se sont rendus, à l’invitation de leurs camarades au sein du RMT, sur les piquets de grève. Des travailleurs des transports du syndicat italien USB (Union Syndicale de Base) de la FSM s’y sont rendus également, dont des responsables du bureau régional européen de la FSM qui a impulsé ce type d’initiatives. Ils y ont tous pris la parole pour apporter leur soutien, ont versé à leur caisse de grève, et ont participé à leur manifestation notamment à Manchester. Ils se sont engagés à rendre compte de leur voyage auprès de leurs camarades et à s’appuyer dessus pour défendre aussi en France la nécessité d’un mouvement similaire.
A ces mouvements de grève vient s’ajouter le lancement d’une campagne « Enough is Enough ! » (« trop c’est trop ! ») visant à coaliser à la fois les mouvements appelant au refus de payer les factures délirantes des fournisseurs d’énergie, les salariés en grève des différentes industries, divers associations et organisations de luttes. Des meetings monstres se sont multipliés dans le cadre de cette campagne.
Reste à voir quelle issue se dessinera. La classe ouvrière dispose du pouvoir de mettre à l’arrêt l’économie : charge aux militants de lutte de classe partout en Grande Bretagne de construire un tel mouvement ayant pour centre de gravité la grève de masse.

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