749-28/12/2021 SNCF Malgré la levée de certains préavis, la grève des cheminots s’est poursuivie dans de nombreux secteurs tout le week-end de 18 et 20 décembre sur la question des emplois et des rémunérations.

Pour eux, le compte n’y est pas. Si des avancées ont été obtenues, comme 148 embauches pour les TER en Auvergne-Rhône-Alpes, il y reste un vrai problème d’emploi. Et partout, la problématique des salaires subsiste : "ce qui a été obtenu pour le TGV, ce sont des primes qui vont permettre de passer les fêtes, mais ça ne règle pas la question" explique Laurent Saint-Léger, secrétaire du secteur CGT des cheminots de Lyon. « On nous annonce 5 % de baisse d’effectifs sur trois ans au niveau national alors que le manque d’emplois est criant » confirme Franck Rambaud, secrétaire du syndicat de l’équipement à Saint-Germain-au-Mont-d’Or. « La SNCF compense en déléguant de plus en plus l’entretien du réseau à la sous-traitance, mais cela a des conséquences sur la sécurité ferroviaire. Quand on voit le résultat de certains chantiers du privé, on est obligé de passer derrière à cause des malfaçons » pointe le syndicaliste. Le mécontentement s’exprime aussi chez les cadres et les administratifs. « A l’heure de l’ouverture à la concurrence, c’est particulièrement inquiétant qu’on ne puisse plus fournir un travail de qualité » regrette une cheminote, qui pense que cette casse des métiers ne doit rien au hasard. La direction fait en sorte qu’on ne soit pas compétitifs, d’autant qu’elle se concurrence elle-même en ouvrant des "filiales" rappelle-t-elle. Le rutilant TVG italien qu’on nous a servis h24 sur tous les médias n’éclipse pas la réalité des choix de la Sncf.

STRYKER Depuis lundi 20 décembre, une partie des salariés de l'entreprise Stryker à Cestas (33) est en grève à l'appel d'une intersyndicale. Principale revendication chez l’un des leaders nationaux de matériel médical : une augmentation de salaire de 100 euros par mois pour l'ensemble des près de 270 salariés du site. Ce que la direction refuse. Un délégué : « les bons résultats financiers de Stryker et les efforts consentis par les salariés depuis de nombreuses années sont assez d'éléments qui vont dans le sens d'une revalorisation des salaires ». Si la direction refuse la principale revendication, celle d'augmenter les salaires, elle a proposé en contrepartie le versement d'une prime de 500 euros. Cette prime, dite "prime Macron", est défiscalisée, mais elle ne correspond pas aux revendications syndicales. "Une prime, c'est bien mais le salaire de base, c'est toujours mieux par rapport au fait qu'on le pérennise dans le temps", explique Sébastien Bernard, responsable syndical SUD Industrie à Stryker. "On va l'avoir une année, et la suivante, on se retrouvera dans la même situation", craint-il. Au cœur de leur argumentaire, les syndicats mettent en avant la forte inflation qui a de lourdes conséquences sur le pouvoir d’achat mais aussi l’importance pour l’entreprise d’investir dans les moyens humains au moment où elle connaît de bons résultats financiers. "On investit pour agrandir le site (la surface du site va doubler en 2022 et 70 emplois seront créés, NDLR), pour les machines, mais depuis des années, on n’a rien mis sur la table pour investir dans l'humain, s'agace Bouchta Zerka, responsable syndical CFDT Métallurgie. Certes, on a quelques avantages, mais ce n'est pas suffisant à la hauteur de nos efforts." L'intersyndicale assure que le mouvement continuera début janvier, après les vacances et la fermeture du site pour congés.

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GRANDE DISTRIBUTIONLes appels à la grève se multiplient dans le secteur de la grande distribution. Résultat, des blocages d'entrepôts pourraient avoir lieu afin de perturber les livraisons pendant la période stratégique des fêtes de fin d'année. La menace de grève a été mise à exécution ce vendredi dans une trentaine de magasins Auchan, suivant l'appel de l'intersyndicale CFDT-CGT-FO. Mais c'est aussi le cas dans les enseignes du groupe Carrefour, où les salariés sont appelés à se mettre en grève du 18 au 24 décembre. Dans les deux cas, les syndicats réclament ”de véritables augmentations de salaires”. Après l’éclatante victoire des salariés de Leroy-Merlin (cf. hebdo747), c’est dans un autre fleuron de la famille Mulliez : Auchan que les salariés ont décidé d’appeler à la grève à la veille de Noël, sur fond de négociation annuelle obligatoire (NAO), des employés de Cherbourg, Perpignan, Strasbourg ou encore Annecy participent ainsi à des barrages filtrants et à des débrayages, a indiqué à l'AFP Gilles Martin, délégué syndical central de la CFDT. Les employés en grève réclament une hausse générale significative des salaires « d'au moins 5%”, et dénoncent une offre « indigne » de la direction, qui propose une augmentation de 2,2%. Avec l'inflation, les premiers niveaux de salaires tomberont en dessous du Smic au 1er janvier », estime Gilles Martin. « Ce n'est pas dans notre ADN de faire grève à cette période, mais les salariés sont excédés, et le versement de 750 millions d'euros de dividendes aux actionnaires a été la provocation de trop” » a-t-il ajouté.
Même son de cloche chez son concurrent Carrefour. La CGT revendique la mise en place d'un salaire brut mensuel de 2.000 euros minimum, une augmentation de 300 euros pour tous les salariés, ainsi que l'arrêt immédiat de la réorganisation du groupe. Cet automne, Carrefour a annoncé pour environ 80.000 salariés le doublement à 200 euros de l'indemnité inflation accordée aux bas salaires par le gouvernement. La direction mentionne aussi la signature récente d'un accord majoritaire (qui n'a pas été ratifié par la CGT) visant à accorder une augmentation générale de 1% au 1er novembre. « Vu les bénéfices que fait Carrefour, nous on se bat pour du salaire, pas des primes » réclament les syndicats. "On va cibler des magasins mais ça peut faire boule de neige", prévient Laurent Lamaury, délégué central Carrefour
Le mouvement s'étend à d'autres enseignes. Une journée de grève est aussi prévue samedi dans les magasins discount de la marque Action, originaire des Pays-Bas, indique la CGT. Les « héros de deuxième ligne » ne se laissent plus rouler dans la farine et le mouvement ne demande qu’à s’étendre avec le soutien de la majorité des clients qui se reconnaissent dans ces salariés. C’est parce que les salaires sont écrasés que les profits sont faramineux.

ARKEMA Arkema est un groupe chimique français, plus particulièrement de la chimie de spécialité et des matériaux de performance. Les salariés d'Arkema poursuivent la grève mardi 21 décembre après une nouvelle journée de négociation avec la direction. Les usines du chimiste français sont quasiment à l'arrêt depuis le 9 décembre dernier. Les salariés réclament une revalorisation de salaire de 100 euros minimum pour tous les employés après les bénéfices exceptionnels engrangés par la société qui compte 13 usines et 5 centres de recherche partout en France. Après avoir initialement proposé 50 €, la direction a revu sa proposition à la hausse avec une augmentation de 70 euros minimum par mois pour tous les salariés. Mais ce n'est pas suffisant pour les salariés. "Parce qu'Arkema a fait des résultats historiques en 2021", assure Arnaud Ruscha, secrétaire du comité social et économique CGT à l'usine de Carling-Saint-Avold. Il affirme que le chiffre d'affaires du groupe s'élève à 9 milliards d'euros cette année, soit "1,6 milliard de valeur ajoutée et de rentabilité". Le représentant syndicale estime que la revalorisation de salaire demandée représente 15 millions d'euros. "Pour nous, c'est tout à fait jouable pour Arkema."


FNAC Des libraires ou disquaires grévistes du magasin de Paris Saint-Lazare ont été rejoints par des employés et élus syndicaux des boutiques Fnac intra-muros, avec près de 200 personnes mobilisées, a assuré le délégué central CGT, Boris Lacharme. Les employés des Fnac de Nice, Marseille, Amiens, du Havre ou encore Clermont-Ferrand ont débrayé vendredi 24, mais sans entraîner la fermeture des boutiques concernées. « Les salaires et les conditions de travail sont les dénominateurs communs du mouvement », a précisé Marc Pietrosino, délégué central Relais (magasins en régions), qui a déploré « les économies faites sur la santé des salariés » avec des précautions sanitaires qu’il juge insuffisantes. « Le salaire d’embauche a été rattrapé par la hausse du Smic et le budget des NAO servira uniquement à un ajustement », a déclaré Boris Lacharme, regrettant le versement de « 30 millions d’euros de dividendes » en 2021 aux actionnaires. Il a souhaité avec ce mouvement « gratter l’image d’entreprise sociale » de la Fnac. La grève a notamment été très suivie à Amiens, concerné – comme neuf autres magasins – par la signature d’un accord de performance collective. Avec, pour conséquence selon la CGT, la réorganisation des métiers et du temps de travail. « On demandera désormais aux salariés une ultrapolyvalence, avec la fusion par exemple des services d’accueil, de stock ou SAV sans formation adéquate », a dénoncé Marc Pietrosino. Le mouvement doit être reconduit pour faire pression sur les négociations annuelles obligatoires prévues en février.

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